Un article mis à jour pour le #Généathème du mois d’avril 2021 de Geneatech

Combien avez-vous de jumeaux dans votre arbre généalogique ? Pour ma part, parmi les 5507 naissances dont j’ai noté la date précise, mon logiciel Hérédis m’indique que 66 sont multiples. Cela me donne 122 jumeaux (aucun triplé, quadruplé…) sur 5573 individus, soit 2,18 % du total. La statistique actuelle en France (en excluant les procréations médicalement assistées qui modifient les chiffres) est de 1,6 %. Il y a donc un écart acceptable de 0,6 % entre les données nationales et celles de mon arbre. 42 nouveaux-nés sont des garçons, 77 des filles et le sexe n’est pas précisé pour 3 bébés décédés à la naissance.
L’Église catholique en charge avant la Révolution de l’état civil indique aux curés comment transcrire ces naissances : Pour enregistrer le baptême des enfants jumeaux qui seraient nés à différents jours ils établiront exactement le jour de la naissance de chacun ; et quand bien même ils seraient nés le même jour, ils ne manqueront pas de faire autant d’actes séparés qu’il y aura d’enfants baptisés. Ils éviteront soigneusement dans ces actes d’autoriser l’opinion de ceux qui croient que l’enfant qui est né le dernier, est aîné à l’égard de celui qui l’a précédé ; mais, pour ne rien préjuger, ils écriront chacun de ces actes dans la forme ordinaire, avec cette seule différence qu’ils auront soin d’indiquer très exactement celui qui est né le second ou le troisième… (Rituel du diocèse de Poitiers). L’inquiétude exprimée pour définir lequel des jumeaux est l’aîné est aujourd’hui encore toujours vivace, même si le droit d’aînesse n’existe plus depuis longtemps. Et je constate que, dans leurs registres, les curés n’appliquaient pas souvent la règle des actes séparés.
Ces enfantements eurent parfois des conséquences dramatiques. La mortalité en couches était fréquente autrefois et des naissances multiples augmentaient les risques. Dans mon arbre, je relève le décès de 3 accouchées sur 64.
- Jeanne TALBOT, 1re épouse de mon sosa François BAUDOUIN, décède le 11 mai 1763 à Courlay, quelques jours après le décès de ses 2 jumeaux mort-nés. C’était son 6e accouchement et elle avait 35 ans.
- Andrée BILLY, 1re épouse de mon sosa Mathurin CHARRIER, meurt le 3 avril 1668 à Saint-Jouin-de-Milly, jour de la naissance de ses 2 filles Anne et Jeanne qui ne survivent quant à elles que quelques jours. C’était sa 1re grossesse.
- Marie-Jeanne BERTON, 2e épouse de mon sosa René DIEUMEGARD perd un de ses 2 enfants et décède quelques jours plus tard, le 25 mars 1778 à La Chapelle-Saint-Laurent. C’était sa 5e grossesse et elle avait 38 ans.
Certaines femmes à l’inverse ont supporté plusieurs naissances multiples :
- Ma sosa, Marie JOUBERT, épouse de Mathurin GUERET, a 10 enfants dont 2 fois des jumeaux qui n’ont pas survécu. Ces 8 grossesses ne l’empêchent pas de vivre jusqu’à l’âge estimé de 74 ans. Elle s’éteint à Saint-Varent le 14 juillet de 1770.
- Mon autre sosa Marie-Thérèse DELION, épouse de Jean ROY, est dans le même cas de figure : 10 enfants et 2 fois des jumeaux dont un seul deviendra adulte. Elle décède le 15 janvier 1888 à Boismé âgée de 79 ans.
Suite aux conseils de Gloria (Lulu sorcière), j’ai affiné mes statistiques sur les mères et fait les jolis diagrammes qui vont avec. Quel âge avaient-elles au moment de la naissance des jumeaux ? Je n’ai que rarement la date de naissances des mères et j’ai parfois dû faire le calcul de leur âge en partant de leur âge à leur décès. La chance (ou le risque) d’avoir des jumeaux était (et est encore aujourd’hui) plus important quand les femmes ont atteint la trentaine. La plus âgée de mon arbre semble être mon ancêtre Marie Deborde épouse du bordier René La Pierrière qui voit naître ses fils Jean et René en 1726 à Courlay (Deux-Sèvres) à l’âge estimé de 45 ans.
à quel rang dans la fratrie sont nés mes jumeaux ? étaient-ils les aînés, les cadets ou les benjamins des fratries ? Je n’ai pas trouvé toutes les dates de naissance des frères et sœurs de mes jumeaux, ce qui m’a obligé là encore à faire quelques suppositions. De plus, il y a sûrement des naissances que je n’ai pas trouvées, ce qui ferait mécaniquement reculer le rang des jumeaux dans la fratrie. Je sais que mes jumeaux sont nés le plus souvent dans des familles nombreuses (je leur ai trouvé 4 frères ou sœurs en moyenne, sans doute 5 ou 6 en réalité) et ils sont quelquefois les aînés. Les naissances multiples arrivaient le plus souvent assez tardivement. Une de mes collatérales, Jacquette Jottreau épouse du chaudronnier René Regnier a même eu ses jumeaux, François et Mathurin, à sa 12e grossesse en 1710 à Saint-Pierre-du-Chemin (Vendée), et ce n’étaient pas les derniers-nés.
Je ne connais pas le destin de chacun de ces enfants. Pour 41 d’entre eux, je n’ai aucune autre trace de vie. La plupart sont sans doute morts précocement sans que leur décès soit transcrit mais il est possible que certains aient vécu sans laisser plus de traces dans les archives ou en échappant à mes recherches. Pour les 81 dont j’en sais davantage, 15 sont décédés le jour même de leur naissance, 22 dans le mois qui a suivi, 4 autres dans leur 1re année, 8 n’ont pas atteint les 5 ans et seuls 29 sont devenus adultes. Ce qui, sur 122, ne fait pas beaucoup. Parmi ces 29, il y en a 6 qui sont mes ancêtres directs (2 n’ont pas connu leur frère ou sœur mort à la naissance) :
- Jean VERGNAULT (sosa 1080) né le 20 juillet 1645 à Chanteloup – décédé après 1697.
- Antoinette TAPON (sosa 673) née le 24 mai 1676 à Moncoutant – décédée le 7 décembre 1731 à Moncoutant (sa jumelle Anne est morte à la naissance)
- René BOURREAU (sosa 262) né le 15 juillet 1685 à Moncoutant – décédé le 11 octobre 1755 à Largeasse
- Jeanne DEMEURAND (sosa 187) née le 23 juin 1734 à Breuil-Chaussée – décédée le 11 février 1801 à Noirlieu
- François René FROUIN (sosa 220) né le 12 juin 1742 à Terves – décédé après 1801 (Sa jumelle Françoise Catherine est morte à la naissance)
- Jeanne TURPAULT (sosa 45) née le 3 mars 1817 aux Aubiers – décédée le 27 mars 1898 à Sanzay

Pour conclure, j’aurais beaucoup aimé évoquer une naissance gémellaire ayant eu lieu aux Jumeaux, ancienne commune des Deux-Sèvres fusionnée aujourd’hui avec Assais. Malheureusement pour moi, mes ancêtres ne se sont jamais aventurés dans cette paroisse pourtant pas très éloignée du terroir familial. Je n’y retrouve donc aucune de mes aïeules en tant que parturiente et par conséquence aucun de mes jumeaux. Quel dommage ! Je n’ai pas de naissance de jumeaux aux Jumeaux !
Ah ah ! Bien vu la pirouette de fin !
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Belle recherche ! mon logiciel n’indique pas les naissances de jumeaux. Cet article me donne envie de les compter et de les analyser avec autant de précisions que ces statistiques remarquablement présentées ici.
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Merci Marie. Mes statistiques sont améliorables. Gloria m’a dit de me pencher sur l’âge des mères au moment des grossesses gémellaires qui doit être plus proche de 40 ans que de 20 selon elle !
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Très belle enquête ! Les conseils donnés aux curés pour rédiger les actes paroissiaux de naissances gémellaires sont particulièrement intéressant et, en effet, témoignent d’une inquiétude relative au droit d’ainesse. Sur genealogiealsace, nous enquêtons sur la famille de jumelles siamoises nées à Rouffach en 1678 : https://genealogiealsace.wordpress.com/2021/04/15/qui-quoi-quand-ou-soeurs-siamoises/
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