Geneatech nous invite ce mois-ci à nous pencher sur une aïeule portant le prénom de Marie. Ne pouvant choisir entre l’une et l’autre, je vais évoquer mes deux grands-mères prénommées Marie. Pour moi enfant, elles étaient mémé des Touches et mémé de Terves. Elles ont eu une longue vie, je les ai donc bien connues mais je vais rester factuel et juste raconter l’itinéraire parallèle de deux femmes de la campagne deux-sévrienne au XXe siècle.
Ma grand-mère paternelle, « Marie » Émilienne Irénée Blais, mémé des Touches, est née à la ferme de Mufflet de Saint-Aubin-du-Plain le 25 octobre 1897. Son père et sa mère, Pierre Blais et Augustine Goron, sont cultivateurs. Elle quitte la ferme de sa petite enfance à l’âge de 4 ans, quand ses parents déménagent pour exploiter la ferme des Petits-Jards à Terves. Marie est l’aînée de ses sœurs Fernande et Marcelle.
Ma grand-mère maternelle, « Marie » Émelie Eugénie Turpaud, mémé de Terves, est née dans le bourg de Terves le 13 mars 1902. Elle est la fille de Gustave Turpaud, cultivateur, et d’Alphonsine Poirier. 6 mois après sa naissance, sa mère décède. Gustave se remarie 4 ans plus tard avec Joséphine (dite Phine) Blais (rien à voir avec mon autre grand-mère) qui ne lui donnera guère d’affection. Marie se retrouve l’aînée de 4 demi-sœurs et frère : Eugénie, Alice, Georges et Agnès.
Est-ce dû à la position d’aînée de l’une et l’autre, mes 2 grands-mères ont su tenir leur maisonnée.
Le 5 octobre1920 à Terves, Marie Blais, mémé des Touches, épouse Hubert Deborde. Changement de ferme, elle se retrouve à vivre et travailler aux Touches de Terves où elle va rester le reste de sa vie. Elle doit composer avec ses beaux-parents comme beaucoup de femmes mariées de sa génération. 4 enfants naissent. La ferme est prospère mais en 1938, c’est le drame, son mari Hubert meurt accidentellement, tué par un taureau. L’année suivante, son beau-père Lucien décède à son tour. Marie se retrouve à devoir diriger seule le ferme à la veille de la guerre.
Mon autre grand-mère, Marie Tupaud, mémé de Terves, se marie le 29 juillet 1925 à Terves avec Raymond Frouin, lui aussi cultivateur, mais la ferme est dans le bourg. Elle aussi doit vivre avec ses beaux-parents. La ferme est plus petite, moins « rentable » que celle des Touches. 8 enfants naissent. Une petite fille décède à l’âge de 3 ans.
Pendant la guerre, mes grands-mères ont eu la chance de vivre dans un milieu agricole, ce qui permettait de subvenir aux besoins alimentaires. Leur vie est pourtant différente.
Mémé des Touches doit gérer seule une grande ferme isolée qui nécessite des ouvriers agricoles mais les hommes manquent.
Mémé de Terves vit dans le bourg de Terves, tout près de l’église et des commerces. La ferme vivote, les enfants doivent aider, et Marie s’occupe de leur éducation aidée de sa belle-mère.
J’ai de mes 2 grands-mères des souvenirs personnels que je garde pour moi. Je peux quand même raconter brièvement leurs dernières années.
Mémé des Touches a peu à peu laissé diriger la ferme des Touches par un fils et un gendre. Elle a gardé une pièce d’habitation à elle coincée entre les 2 familles. Elle décède chez elle le 2 mars 1981, âgée de 83 ans.
Mémé de Terves a vu s’arrêter petit à petit l’exploitation agricole de mon grand-père mais ils sont restés dans la maison familiale. Ils ont vécu longtemps puisqu’ils ont pu fêter leur 60 ans de mariage en 1985. Mon grand-père Raymond est mort en 1991, âgé de 87 ans. Mémé de Terves lui survit 8 ans. elle reste d’abord chez elle, avant d’aller dans une maison de retraite à Bressuire où elle s’éteint le 3 novembre 1999, âgée de 97 ans.
Mes deux « mémés Marie », comme toutes les personnes de leur génération, ont vu le monde se déchirer par deux fois. Après guerre, elles ont acquis le droit de vote, elles ont aussi découvert le progrès et un peu de confort… Je les ai connues quand elles étaient grands-mères chacune de nombreux petits-enfants. Des anecdotes familiales me permettent d’en savoir davantage sur elles, sur leur jeunesse, leur vie de femmes mariées ou de mères et d’avoir d’autres regards que le mien sur leur tempérament, leurs croyances, leurs sentiments. Tout cela relève de l’intime ou du familial. Je n’en dirai donc rien si ce n’est que de penser à elles me fait regretter le temps de l’enfance, quand nous allions à une heure de route en famille voir mémé des Touches et mémé de Terves.
Bonjour, Raymond,
Texte très touchant, de beaux souvenirs, 2 femmes qui n’ont pas eu une vie facile.
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Je comprends les précautions pour évoquer des grand-mères si proches. Il est plus facile de raconter de très vieux ancêtres moins chargés de souvenirs et d’affection. C’est un beau Généathème.
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Bonjour Raymond. Je les ai bien connues vos grand-mères quand j’étais petite fille à Terves. Il y avait des mémés Marie dans pas mal de maison.La mienne s’appellait aussi Marie, pas loin des Touches, à la Roulière et il y avait aussi une mémé Marie à « Ligonnière » ( L’Egonnière).
Nos mémés se retrouvaient chez les demoiselles Jourdain à l’épicerie après la messe, pendant que les hommes jouaient aux cartes. Elles faisaient la causette et se donnaient des nouvelles et nous étions souvent avec elles. On se rendait visite aussi, aux veillées ou parfois le dimanche après midi, aux Touches.
A l’école, nous étions aussi 2 Marie: Marie des Touches et Marie de la Roulière, deux générations après les mémés.
Merci pour votre article qui rappelle des souvenirs…. pas si lointains .
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Merci pour ce petit mot et ravi de rappeler à d’autres que moi des souvenirs d’enfance du côté de Terves… Les demoiselles Jourdain, c’est le souvenir incontournable pour tous ceux qui ont connu Terves il y a quelques années… pas si lointaines.
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