Voici le dernier de mes articles autour de la famille NICOLAS. Après avoir évoqué Jean NICOLAS et Madeleine MOCQUET, Marthe leur fille, Olivier leur fils et son épouse Françoise GATET, je vous invite à découvrir aujourd’hui Renée NICOLAS, petite-fille des premiers, fille d’Olivier et Françoise. Ici encore, c’est grâce au fonds Merle que j’ai découvert une partie de son histoire.
Olivier NICOLAS, sieur de la Taupelière, et Françoise GATET, son épouse, se marient en 1656 en la paroisse Saint-Laurent de Parthenay. De leur union naissent 10 enfants, Renée est la 4e de la fratrie. Olivier s’éteint à la Braudière de Fenioux, au sud de Parthenay, le 27 janvier 1681, il a 44 ans.
Le château de la Braudière est acquis par Charles de la Porte, duc de la Meilleraye en 1634, Olivier NICOLAS est un des fermiers généraux du duché et à ce titre il s’y installe. Il y réside sans doute depuis 1675, date à laquelle il prend la ferme des maisons nobles et seigneuries de la Braudière et Lunardière à Fenioux, moyennant 5 850 livres par an. Pour s’acquitter d’une telle somme, la famille fait partie des riches bourgeois de Parthenay qui demeurent dans la campagne proche de Parthenay et vivent ainsi comme la noblesse.

Jusqu’en 1681, Renée NICOLAS vit avec ses parents à la Braudière. À la mort de son père, elle a 23 ans et est célibataire, c’est une femme assez âgée pour ne pas se laisser dicter sa conduite, elle a sans doute de l’instruction et signe d’une écriture soignée.
On peut imaginer que c’est dès 1680 que ses parents décident de lui trouver un époux. Le mariage est toujours une union des familles avant d’être l’union de 2 personnes : ce sont le plus souvent les pères qui jaugent le niveau de fortune, les avantages pour les deux parties, les dots… il faut que chacun soit gagnant dans ce qui est une transaction. La décision ne se prend pas à la légère, elle engage 2 familles au sens le plus large.
On souhaite donc marier Renée, mais elle n’est pas satisfaite de ce projet d’union. Le futur époux lui déplait ? Elle a d’autres projets ? Toutes les suppositions sont permises.
Il lui est difficile de se sortir d’une pareille situation. Renée va cependant trouver une parade et prendre en main son destin. Le 10 septembre 1681, moins de 8 mois après le décès de son père Olivier NICOLAS, Renée fait dresser un acte chez maître Bourceau notaire à Parthenay. Elle expose « …que sa mère voulait la marier avec le sieur Henry MAIGNAND, sieur de l’Estremière à quoi elle s’est obstinément refusée ».
Pour arriver à ses fins, elle s’est préalablement assurée du soutien d’une partie de sa famille, en l’occurrence son oncle et curateur Pierre NICOLAS et son cousin germain Ézéchiel AUGIER, prêtre à Parthenay : elle a ainsi un appui légal et spirituel. « Elle leur a demandé pour éviter à l’entreprise, voie de fait et mauvais traitement que pourrait lui faire ladite demoiselle sa mère, de la conduire au couvent des Ursulines de Parthenay à quoi le sieur de la Mothe et le sieur Augier ont consenti. ».
Renée peut alors se substituer au mariage, elle suit son oncle et cousin et « est donc entrée dans le couvent comme pensionnaire de sa propre volonté. Elle en demande acte, ce qui lui est octroyé ».

On peut imaginer que les relations mère-fille ne se sont pas améliorées après ce conflit ! Quant au prétendant éconduit, face à ce refus, il se trouve rapidement une autre épouse et en mars 1683 il épouse une certaine Louise CHARRIER, fille d’un notaire de Secondigny.
Pourtant, Renée ne va pas rester au couvent. 2 ans plus tard, le 17 octobre 1683, Jacques OLIVIER, notaire à Parthenay, dresse un contrat de mariage entre Renée et François BAUDOUIN, un avocat de la ville. Tous 2 se connaissent, leur grand-mère paternelle sont sœurs, les familles sont proches. Qui a organisé l’union ? Peut-être Pierre NICOLAS son curateur, fils et neveu des 2 grands-mères, il est certain qu’il connait bien la situation financière et sociale de chacun des 2 partis.
Cette fois l’union a bien lieu, elle est célébrée le lendemain 18 octobre en l’église Saint-Laurent de Parthenay, la paroisse des 2 familles.
Et qu’en est-il des relations entre la mère et la fille ? Elles ont dû s’améliorer puisque Françoise GATET est présente et signe, tant sur le contrat de mariage que sur le registre paroissial. Mais tout n’était sans doute pas pardonné, car avant le mariage elles ne vivaient pas ensemble, Françoise demeurait toujours à la Braudière, paroisse de Fenioux et Renée à Parthenay dans la paroisse de Saint-Laurent.
Avec son époux, Renée aura au moins 10 enfants ; elle demandera même à sa mère d’être la marraine de l’aîné : finalement tout s’arrange !
