Lors d’une récente visite aux AD79 j’ai consulté une petite partie du fonds Merle. J’avais noté une cote il y a longtemps déjà, sans jamais l’avoir demandée en salle. Bien m’en a pris car ce fonds semble très riche et ce que j’ai consulté ce jour-là m’a apporté son lot de belles surprises !
Le docteur Merle est un érudit local qui a travaillé sur de nombreuses familles de la région et a fait don de ses travaux aux AD79. J’ai consulté le dossier très complet consacré à la famille NICOLAS*. Il comprend des minutes notariales, parfois accompagnées de leur transcription, de synthèse ou de notes. Enfin, j’y ai découvert des fiches et des arbres généalogiques qu’il avait dressés grâce aux éléments glanés au fur et à mesure de ses recherches.
À une époque où les documents se font rares pour les généalogistes, ce dossier m’a permis d’étoffer ma connaissance de mes ancêtres à la 12e génération, Jean NICOLAS, sieur de la Taupelière et Madeleine MOCQUET.
Qui sont-ils ? Tous deux appartiennent à des familles installées dans la Gâtine Poitevine. Ces familles se croisent souvent dans les actes de Parthenay.
J’ai trouvé les parents de Jean NICOLAS grâce à une minute du 1er novembre 1631 chez maître Bourceau notaire dans cette ville. Il s’agit d’un acte entre Olivier NICOLAS, sa seconde épouse Marguerite CHAIGNEAU et 2 fils d’Olivier issus de son premier mariage. Cet acte est destiné à prévenir les conflits qui pourraient naître ultérieurement entre les enfants des 2 lits.
Le père, Olivier, est sieur de Fasché. Quant aux fils, Jean est sieur de la Taupelière et Olivier sieur du Pin. Tous signent et j’y reconnais le paraphe de mon ancêtre Jean ainsi que son titre. Je sais maintenant que mon sosa Jean NICOLAS est le fils d’Olivier NICOLAS sieur de Fasché et de Madeleine COUSTURIER sa première épouse.
Aujourd’hui, je peux même remonter plus avant la famille NICOLAS en croisant les données trouvées dans le fonds Merle, sur le site d’Albéric Verdon ainsi que dans le Beauchet-Filleau**. Toutes se recoupent et me permettre d’ajouter 2 nouvelles générations à mon arbre.
J’apprends ainsi qu’Olivier NICOLAS est lui-même fils de François et de Léone COSSIN et petit-fils de Lambert NICOLAS et Mathurine MASSON, la première de ses 3 épouses. Lambert est décédé avant 1546 et est l’un de mes plus lointains ancêtres.

Mais revenons à Jean NICOLAS, sieur de la Taupelière. Né vers 1590, il est l’aîné des enfants d’Olivier NICOLAS sieur de Fasché (paroisse de Mazières-en-Gâtine) et de sa première épouse, Madeleine COUSTURIER. à son titre de sieur de la Taupelière (paroisse de Secondigny), il ajoutera celui de sieur de la Mothe (La Mothe aux Gentilshommes à La Peyratte),
Jean a une vingtaine d’année quand il épouse Michelle GUIBAULT, fille d’Antoine GUIBAULT sieur du Rivau, avec qui il a 4 enfants. Au décès de Michelle, l’aîné des enfants a 9 ans et le plus jeune n’a que 4 ans. Je n’ai pas la date exacte du décès mais je dispose d’un inventaire après décès, rédigé en 1629 par le notaire Bourceau dans le logis familial à Parthenay, lequel cite les enfants.
Veuf vers 40 ans, Jean NICOLAS se remarie en 1631 avec mon ancêtre Madeleine MOCQUET, fille d’un marchand-tanneur de la cité laquelle est âgée d’une vingtaine d’années. Madeleine va lui donner 10 autres enfants ! Une belle famille qui essaimera dans cette Gâtine qu’elle quittera peu.
Les MOCQUET, comme les NICOLAS, demeurent le plus souvent à Parthenay. Le père de Madeleine, Nicolas MOCQUET est marchand-tanneur. L’union de Jean et Madeleine permet à ces 2 familles qui se connaissent bien de resserrer des liens commerciaux. Madeleine est la 4e des 7 enfants MOCQUET. Son frère aîné sera procureur et le second prendra la suite de son père. Les autres filles épouseront un avocat et un maître apothicaire.
Les NICOLAS exercent la profession de teinturier et les MOCQUET celle de tanneur dans cette ville de Parthenay. Ils appartiennent à la bourgeoisie locale, ils sont des marchands-teinturiers ou marchands-tanneurs, ainsi ils transforment et commercialisent leur production. L’industrie textile est une des plus importantes activités urbaines. À la fin du XVIIIe siècle, Parthenay compte 5 moulins à foulonnage et 4 maîtres teinturiers ***. On y produit alors plus de 2 000 pièces d’étoffes chaque année, lesquelles sont envoyées un peu partout en France, jusqu’à Lyon. Si la production est sans doute moindre au XVIIe, on peut supposer qu’elle est déjà florissante.
Jean NICOLAS et Madeleine MOCQUET vivent principalement à Parthenay, dans la paroisse de Saint-Laurent, c’est dans cette église qu’ils reçoivent les sacrements. De nombreux proches y sont enterrés, même quand leur décès intervient dans une paroisse voisine. L’église Saint-Laurent est sans doute l’édifice religieux le plus ancien de Parthenay. La religion catholique tient bien sûr une place importante dans la vie de la famille. Un des enfants de Jean sera prêtre.
En 1648, Madeleine MOCQUET décède (sans doute en couches) après avoir mis au monde 10 enfants, elle avait 39 ans. Jean NICOLAS s’éteint 2 ans plus tard à 60 ans, ses enfants ont de 3 à 30 ans !
Les relations entre les descendants de Jean NICOLAS sieur de le Taupelière ne seront pas toujours simples. Des liens forts ont pu exister entre eux, c’est le cas entre Marie, née du premier mariage et Marthe née du second. C’est d’ailleurs grâce à Marthe que j’ai pu connaître un peu mieux l’histoire familiale et découvrir un désaccord entre les héritiers de Jean NICOLAS. Je vous raconte bientôt cette histoire…
Sources :
*AD79 Fonds Merle, dossier NICOLAS : 21J141
**Beauchet-Filleau. Dictionnaire historique, biographique et généalogique des familles de l’ancien Poitou
Albéric Verdon, site Histoire de la Gâtine Poitevine et de Parthenay (sur abonnement)
***Gallica : Encyclopédie méthodique. Commerce. T. 2
Merci Sylvie pour ton article sur les NICOLAS. J’avais travaillé sur cette branche il y a quelques temps en utilisant les mêmes sources. Avec sa seconde épouse, Marguerite CHAIGNEAU, Ollivier NICOLAS a eu une fille, Marguerite qui a épousé Jacques THIBAULT, seigneur du Coulombier, les ancêtres des propriétaires de la Gachère de Secondigny. La Gachère est le point de chute de mes ancêtres lorsqu’ils sont arrivés à Secondigny.
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Merci Annie ! En explorant cette histoire et ces documents, j’avais noté ce lien avec la Gachère à Secondigny et aussitôt pensé à toi et aussi à l’article de Françis pour le Challenge AZ il y a quelques années 😉
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Le plaisir d’explorer sa généalogie et d’inscrire des personnes née au XVIe siècle.
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Oui, pour moi en tout cas c’est assez rare de remonter aussi loin et surtout avec autant de sources !
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