Je pars…

Ce texte est paru initialement sur le blog Généa79 dans le cadre du ChallengeAZ sur les migrations.

Parler de migration en partant de mon arbre généalogique n’est pas le sujet le plus facile. La quasi-totalité de mes ancêtres et collatéraux ont vécu dans un rayon de 30 km autour de Bressuire. Les très rares qui ont bougé ont déjà été évoqués ici ou . Pour réaliser ce challenge, j’ai dû chercher très loin dans ma généalogie pour trouver enfin un cousin très remué de germain qui soit un peu remuant.

Ce cousin, c’est Pierre Louis Gentet. Il est né le 7 août 1830 à Moncoutant, fils de Pierre Gentet, journalier, et de Madeleine Texier son épouse. Il rejoint une fratrie  de 3 enfants, Pierre, 15 ans, Marie Madeleine, 13 ans, et Marie Rose, 6 ans. Les parents ne sont plus tout jeunes : la mère a 44 ans et le père 60 ans. Ce dernier décède d’ailleurs 2 ans plus tard, Pierre Louis n’en aura pas le souvenir en grandissant. La famille se trouve sans doute alors en grande difficulté mais les aînés semblent s’en sortir. Pierre se marie en 1848 et devient charpentier. Les deux sœurs prennent époux en 1856 et 1857 quelques années après le décès de leur mère, Madeleine Texier, en 1852. Quant à Pierre Louis, il part faire son très long service militaire comme tous les jeunes gens qui tiraient un mauvais numéro à cette époque. Il se retrouve à servir 4 ans en Afrique, sans doute en Algérie. Il prend peut-être goût à l’aventure et aux voyages, il goûte peut-être la vie et le climat de cette colonie. À son retour de l’armée, Pierre Louis est seul. Ses frère et sœurs sont mariés, ses parents décédés. Il habite alors à Clazay, est célibataire et déclare être cultivateur. Il a quelques économies (1 800 francs), mais de fait, il n’a pas de travail, étant « sans ouvrage. »

À cette époque, le gouvernement impérial intensifie sa politique de colonisation de l’Algérie. Des circulaires arrivent dans les préfectures dans le but de trouver des colons, agriculteurs notamment, pour exploiter les territoires que l’Empire a conquis. Il faut trouver des jeunes gens ou des familles prêtes à partir. Pierre Louis ne se voit pas d’avenir dans un territoire des Deux-Sèvres où la population rurale est nombreuse et il a sans doute gardé un bon souvenir de son service en Algérie. En 1861, il se déclare donc volontaire pour aller exploiter des terres en Algérie et il dépose une demande de concession. Son dossier est très favorable : c’est « un homme honorable plein d’activité et d’intelligence, qualités indispensables pour assurer la bonne culture des terres qui lui seront confiées », le maire de Clazay est garant de sa moralité et un médecin délivre un certificat attestant de sa bonne santé. Il sait de plus lire et écrire.

Passeport de Pierre Louis Gentet

Il obtient donc le 17 février 1862 un passeport (valable un an) à l’Intérieur puisque l’Algérie « appartient » à la France. Il nous décrit un homme d’1 mètre 65, aux cheveux et à la barbe châtains, au teint coloré et aux traits empâtés. Un mois plus tard, Pierre Louis reçoit du ministère de la Guerre, service de l’Algérie, une autorisation de passage gratuit en Algérie. Il ne lui reste plus qu’à joindre Marseille où il prend le bateau pour Oran. Il a 31 ans. Il peut dire alors « Je pars… »

La concession qui lui est attribuée se situe sur le territoire de Sidi Ali Benyoub, subdivision de Sidi Bel Abbès. Elle se compose de 3 parcelles : 12 ares pour bâtir sa maison, 1 hectare pour faire son jardin, plus de 29 hectares pour cultiver. Des terres riches, spoliées aux autochtones qu’il n’aurait jamais pu avoir  en Deux-Sèvres.

Il rencontre très vite en Algérie celle qui devient son épouse. Le 7 avril 1863 à Mostaganem, il se marie avec Jeanne Bonis, une jeune femme de 19 ans née dans le Lot et venue en Algérie avec ses parents. Étonnamment, il n’est pas cultivateur sur la terre qui lui a été attribuée à Sidi Ali Benyoub. Il déclare être agent de police et résider à Mostaganem le jour de son mariage. Les années suivantes, quatre enfants naissent de ce mariage.

  • Just Jean Louis, né le 26 février 1864 à Mostaganem. À son mariage avec Elisabeth Harauchamps à Mostaganem le 4 octobre 1884, il est cultivateur à Zemmora.
  • Léonie Anna Maria Angélina, née le 26 octobre 1866 à Zemmora et décédée le 14 janvier 1868 à Zemmora.
  • Marie Louise, née le 26 mars 1869 à Zemmora. Elle se marie avec Joseph David Mottet, cultivateur, le 17 octobre 1887 à Relizane mais décède moins d’un an plus tard, peut-être en couches le 28 juillet 1888 à Relizane.
  • Hélène Justine, née le 13 janvier 1878 à Zemmora et décédée le 7 octobre 1882 à Zemmora.

Au fur et à mesure des actes auxquels j’ai pu avoir accès, notre ex-Deux-Sévrien dit être « roulier » (transporteur de marchandises) en 1866, propriétaire entre 1868 et 1882, cultivateur entre 1884 et 1887. Il est revenu assez vite au métier d’agriculteur qu’il a connu en Deux-Sèvres puisque, avant 1866, il a obtenu une concession à Zemmora. Les cultures y sont sans doute bien différentes de celles qu’il a connues dans sa jeunesse. Il agrandit son domaine en 1874. Pierre Louis Gentet a bien réussi professionnellement en choisissant de partir vers l’Algérie. Hélas pour lui, il voit mourir ses trois filles, puis son épouse Jeanne Bonis le 21 décembre 1889 à Zemmora. Elle avait 45 ans.

Lieux évoqués en Algérie

Quelle a été la suite et la fin de la vie de Pierre Louis Gentet ? Je l’ignore. L’homme a 59 ans au décès de sa femme, Il lui reste son fils, Just Jean Louis, sa bru et ses petits-enfants. Aidé de son fils, il vit sur les mêmes terres qu’il travaille depuis plus de 20 ans mais je ne peux savoir pendant combien d’années encore. Un siècle après son arrivée en 1862, la plupart des descendants de colons comme lui quittaient l’Algérie pour revenir en France.

Un commentaire sur “Je pars…

Ajouter un commentaire

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑

Epik Epoque

Généalogie deux-sévrienne

Nids de MOINEAU

Site généalogique consacré aux MOINEAU de Mauzé-Thouarsais et d'ailleurs.

L'arbre de nos ancêtres

Généalogie deux-sévrienne

genealogiepratique.fr

Pratiquez la généalogie en toute simplicité

La généalogie par GénéaBlog86 !

Généalogie deux-sévrienne

La Pissarderie

Généalogie deux-sévrienne

La Drôlesse

Généalogie en Poitou et Anjou

GeneaTech

Généalogie deux-sévrienne

GÉNÉA79

Le blog du Cercle généalogique des Deux-Sèvres

Nelly, ancêtre du Poitou

Blog généalogique Poitou, Dordogne et Pas-de-Calais

Chemin de Papier

Généalogie deux-sévrienne

La Gazette des Ancêtres

Généalogie deux-sévrienne

De Moi à la Généalogie

Généalogie deux-sévrienne

Lulu Sorcière Archive

Généalogie deux-sévrienne

Gallica

Généalogie deux-sévrienne

Epik Epoque

Généalogie deux-sévrienne

Nids de MOINEAU

Site généalogique consacré aux MOINEAU de Mauzé-Thouarsais et d'ailleurs.

L'arbre de nos ancêtres

Généalogie deux-sévrienne

genealogiepratique.fr

Pratiquez la généalogie en toute simplicité

La généalogie par GénéaBlog86 !

Généalogie deux-sévrienne

La Pissarderie

Généalogie deux-sévrienne

La Drôlesse

Généalogie en Poitou et Anjou

GeneaTech

Généalogie deux-sévrienne

GÉNÉA79

Le blog du Cercle généalogique des Deux-Sèvres

Nelly, ancêtre du Poitou

Blog généalogique Poitou, Dordogne et Pas-de-Calais

Chemin de Papier

Généalogie deux-sévrienne

La Gazette des Ancêtres

Généalogie deux-sévrienne

De Moi à la Généalogie

Généalogie deux-sévrienne

Lulu Sorcière Archive

Généalogie deux-sévrienne

Gallica

Généalogie deux-sévrienne

Feuilles d'ardoise

Notes généalogiques d'Anjou et d'ailleurs

%d blogueurs aiment cette page :