En 2022, sur ce blog lors du Challenge AZ, je me suis intéressée avec Raymond, au destin de familles de mineurs de Saint-Laurs, notamment ceux venus de loin.
C’est sur le recensement de 1872, que j’ai découvert un couple, Émile CHEMINANT et son épouse Adélaïde REDFERN. Cette année-là, les registres mentionnent les lieux de naissance des habitants et c’est avec surprise que j’ai noté, pour Adélaïde et sa sœur Eugénie une capitale étrangère, Londres. Jamais encore je n’avais vu de mention de cette ville dans un recensement de Saint-Laurs. J’ai tout de suite eu envie d’en savoir un peu plus sur ce couple. Je commence par la famille d’Adélaïde.
La famille d’Adélaïde
Adélaïde est en effet née à Londres le 8 mars 1843. Son père, Frederick-Thomas REDFERN, est anglais, mais je ne connais pas ses parents. Il vit à Londres avec son épouse française, Angélique BAUR. Angélique est née à Vendôme en 1808, de Jean-Nicolas BAUR, un musicien puis professeur de musique, et de Geneviève-Charlotte MOULEAU, Le couple a six enfants, Adélaïde est la quatrième. La famille, sans doute grâce au métier du père, a des relations ailleurs en Europe, d’ailleurs une des sœurs d’Adélaïde épousera un musicien originaire d’Amsterdam, Wilhem-Jean-Baptiste NORES. C’est peut-être au cours d’un voyage qu’Adélaïde rencontre Frederick-Thomas REDFERN, lequel est aussi à l’époque professeur de musique.
Le couple se marie à Londres dans le quartier huppé de St James Westminster. Il s’installe dans cette ville, et c’est ici que naissent trois enfants, deux garçons puis une fille. Adélaïde, est baptisée le 9 juillet 1843 à Londres en même temps que ses deux frères aînés âgés de 5 et 2 ans. Sa sœur, Eugénie, vient au monde l’année suivante, sans doute en France, puisque Frederick-Thomas est à Dieppe en mars 1844 avant de s’installer à Paris dans le 11e arrondissement.
En 1855, la famille demeure donc à Paris, Frederick-Thomas travaille maintenant pour la Royal Mail Steam Packet Company, une compagnie maritime qui distribue le courrier de la poste royale britannique. Elle dessert les Caraïbes et l’Amérique du sud et devient la plus grosse compagnie maritime de l’Atlantique sud. Outre l’activité de courrier, elle transporte aussi passagers et marchandises. En 1855, c’est une entreprise en pleine expansion, qui a ses bureaux parisiens au 8 rue de la paix. Frederick-Thomas REDFERN dirige ce bureau, on dit de lui « qu’il est un homme fort aimable ». La famille a pignon sur rue et vit dans l’aisance. Leur existence semble douce, mais tout cela prend fin le 20 octobre 1858 avec le mort de Frederick-Thomas REDFERN, lequel n’a que 47 ans. Angélique devient veuve. L’aîné de ses enfants Frederick-Crosbie a 20 ans (son frère Charles-Henry semble être décédé jeune), mais les deux filles Adélaïde et Eugénie ont respectivement 15 et 13 ans.
Le portrait de la famille idéale se fissure. Après la mort de Frederick-Thomas, son épouse est déchue de ses droits. Elle n’a aucune autorité sur ses enfants, elle est interdite par jugement. Pourquoi ? N’ayant pas eu accès à l’arrêté, je n’en connais pas les raisons. Le fils aîné du couple doit déjà voler de ses propres ailes mais ce n’est pas le cas de ses deux sœurs. Le conseil de famille, confie alors leur tutelle à leur oncle maternel Whilem-Jean-Baptiste NORES déjà évoqué. Ce dernier est maintenant professeur de musique à Niort. C’est ainsi qu’Adélaïde et Eugénie arrivent en Poitou, alors que leur mère demeure à Paris. Les deux filles vont vivre à Niort jusqu’au mariage d’Adélaïde avec Émile CHEMINANT. J’en reparlerai bientôt.
Frederick-Crosbie REDFERN, leur frère ne semble guère s’être intéressé à ses deux jeunes sœurs. Il est difficile de suivre son parcours. L’année suivant le décès de son père, le 3 novembre 1859 il épouse Jeanne CODET, il a 21 ans, elle 28. Frederick-Crosbie vit alors 41 avenue Saint-Cloud. En janvier 1864, il réside dans un bel immeuble haussmannien à Paris, au 7 rue La Fayette. Convoqué par le conseil de famille pour entériner le projet de mariage de sa sœur avec Émile CHEMINANT, il ne daigne ni se déplacer, ni donner son avis. En 1891, il est domicilié dans la Nièvre, à Cercy-la-Tour. Il a sans doute dilapidé son héritage au fil du temps car il exerce la profession de journalier, bien loin du luxe de son enfance. Enfin, en septembre 1895, au décès de sa mère Angélique BAUR, âgé de 57 ans, il vit dans les Deux-Sèvres à Secondigny. En 1905, son épouse Jeanne CODET, s’éteint à Marseille, elle est alors veuve mais je ne retrouve pas le décès de son mari. Le couple ne semble pas avoir eu d’enfant.
À suivre…
Épisode 2 : la famille d’Émile CHEMINANT
Épisode 3 : le couple Émile et Adélaïde, Eugénie la sœur d’Adélaïde



Il est inattendu ce voyage à Londres ! J’avais raté le premier et je me rattrape aujourd’hui .
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Cette histoire a attendu plus d’un an pour que je l’écrive, mais elle mérite d’être racontée, et la suite du voyage réserve aussi son lot de surprises…
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Bonjour,
Je ne connaissais pas l’existence de votre blog jusqu’à la publication de votre article sur La Gazette du site Histoire-Généalogie.com.
Quelle richesse !… et surtout quelle surprise d’y trouver autant d’information sur les mines et les mineurs de chez vous à Saint Laurs. Me permettrez-vous d’y faire référence dans un article que je prépare sur un descendant de la famille MITTARD qui a fait un passage remarqué dans mon village, à Saint Hilaire de Brethmas, aux portes d’Alès dans le Gard ?
Encore bravo !
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Bonjour. Désolé de répondre avec retard à ce message qui s’était glissé par erreur dans les indésirables. Vous pouvez bien sûr faire référence à notre article. prévenez-nous quand votre article sera prêt. Cela nous intéresse forcément.
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Bonjour,
Je ne connaissais pas votre blog jusqu’à ce jour. Quelle richesse !
Merci à Histoire-Généalogie.com de cette initiative.
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Bonjour, et merci beaucoup. Ravie que notre blog vous plaise !
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