Émile et Adélaïde

Après avoir évoqué les familles d’Émile CHEMINANT et Adélaïde REDFERN, découvrons maintenant leur rencontre et leur vie commune.

Je n’ai pas trouvé d’informations sur l’enfance d’Émile. Il a dû vivre à Rochefort puisque qu’il mentionne cette ville à chaque recensement, sans doute avec son père et peut-être avec ses grands-parents paternels. Émile a déjà une vingtaine d’année lorsque son père part aux États-Unis, lui reste en France. Par quel biais arrive-t-il aux Houillères de Saint-Laurs ? Il s’y installe avant 1864 en qualité de chef-comptable de la compagnie minière récemment ouverte.

Quant à Adélaïde, elle demeure à Niort avec sa sœur Eugénie. Sa mère, déchue de son autorité, est toujours à Paris. Adélaïde et Eugénie ont pour tuteur leur oncle Wilhem NORES. Ce dernier, né à Amsterdam d’une mère hollandaise, est professeur de musique à Niort, il a épousé une tante des filles. Alors qu’elles n’ont que 20 et 18 ans et sont mineures, elles ne résident pas chez leur tuteur. Les deux jeunes femmes habitent rue des Halles (l’actuelle rue Victor Hugo) et leur oncle et tante demeurent rue du Minage (aujourd’hui rue Ricard). Ils sont proches, tous sont installés dans le centre ville, mais ils ne partagent pas le même toit.

Adélaïde va se marier avec le double accord du conseil de famille (lequel se tient le 28 janvier 1864 à Paris) et de son tuteur. Les futurs époux ont 32 ans et 20 ans. Peut-être avaient-ils des connaissances communes, peut-être ont-ils fait appel à une agence matrimoniale. Tous les deux ont des histoires familiales complexes et difficiles, c’est peut-être ce qui les a rapprochés, malgré les 12 années qui les séparent.

L’accord du conseil de famille obtenu, Émile et Adélaïde peuvent donc se marier. Un contrat est passé à Niort chez Maître François-Gustave MAUDET et l’union a lieu dans cette même ville le 1er février 1864. Les 2 documents nous confirment qu’Émile fait un beau mariage. S’il apporte 8 000 francs, sa future épouse outre la somme de 11 000 francs, dispose aussi de diverses actions, soit un total de plus de 21 000 francs. De plus, une part de la succession de son père en Angleterre reste à régler, Adélaïde est un beau parti ! D’ailleurs, le conseil de famille ne s’y trompe pas qui décide que « la communauté présentement stipulée sera réduite aux acquêts ».

Quant à l’époux, ses liens avec son père se sont maintenus au moins jusqu’au mariage. Bien sûr ce dernier n’est pas présent puisqu’il demeure à San-Francisco mais il donne son accord par une simple lettre, sans avoir envoyé de document officiel. Émile n’a aucune famille présente lors de son union, il est accompagné de deux amis dont Amédée Schmitt, le directeur de la mine de Saint-Laurs. Adélaïde est elle aussi assistée d’amis de la famille, sans doute des proches de son tuteur Wilhem MORES.

Après le mariage, le couple s’installe à Saint-Laurs accompagné d’Eugénie, la sœur d’Adélaïde. Comment ces deux jeunes femmes s’adaptent-elles à la vie dans ce petit village, au milieu des paysans et des mineurs ? Nous sommes bien loin de la vie aisée qu’elles ont connue à Paris ou même à Niort. Elles vivent au château des mines (qui n’a de château que le nom), là où habitent le directeur et les cadres de la société minière. Une bonne s’occupe du logement et sans doute de la cuisine.

Adélaïde et sa sœur Eugénie sont toutes deux musiciennes (les instruments de musique sont cités dans le contrat de mariage), cela semble naturel avec un père, un grand-père, un tuteur – et sans doute une mère – musiciens. Arrivées dans leur nouveau foyer, elles doivent continuer à jouer ensemble et retrouvent ainsi un univers familier.
En 1865, un an après le mariage, naît une petite fille, mais elle ne vivra que quelques jours. Puis, Eugénie (prénommée comme sa tante) voit le jour en 1866, Émile est toujours comptable.
Il se lasse peut-être de cet emploi ou alors son épouse souhaite retrouver une vie plus animée. Quelle qu’en soit la raison, le couple quitte bientôt le Poitou pour partir s’installer à Paris. Par contre, la sœur d’Adélaïde, Eugénie, ne les accompagne pas.
En 1868, Émile et Adélaïde vivent toujours à Paris. Un fils, Henri, vient rejoindre la famille. Ils résident dans le XVIIe arrondissement, rue Bélidor. Émile est maintenant négociant. La famille reste encore quelques temps dans la capitale et retourne à Saint-Laurs en 1872. Émile qui a 40 ans ne travaille plus, il est rentier. Ce nouvel état peut s’expliquer par d’importantes rentrées d’argent : le père d’Adélaïde, Frederick-Thomas REDFERN, est mort en 1858 mais sa succession en Angleterre n’a lieu qu’en 1870. Ses 3 enfants sont ses héritiers : Adélaïde et Eugénie ainsi que leur frère Frederick-Crosbie. Les revenus du couple s’améliorent et Émile n’a alors plus besoin de travailler.
Émile et Adélaïde, comme sa sœur Eugénie, ne vont plus quitter Saint-Laurs, ce petit village des Deux-Sèvres, preuve qu’ils se plaisent ici. Toujours propriétaires et rentiers les époux vivent au Noyer, une maison du bourg qu’ils ont fait construire, et Eugénie vit au village de la Bruyère.

Le Noyer, résidence d’Émile et Adélaïde à St-Laurs


Quelques années plus tard, Angélique BAUR, la mère d’Adélaïde et Eugénie, vient s’installer au Noyer. Elle y restera jusqu’à sa mort en mai 1895, à l’âge de 87 ans. Pendant toute la durée de son séjour, Émile CHEMINANT est son tuteur. Quelques étaient les relations entre ces femmes longtemps séparées par des décisions de justice, mystère ! Leurs liens ont pu se resserrer lors du séjour parisien d’Adélaïde. La succession d’Angélique BAUR montre que ses héritiers sont ses 3 enfants, mais c’est Émile CHEMINANT que s’occupe de tout. Frederick-Crosbie REDFERN, fidèle à lui-même, n’apparaît pas sur cet acte alors qu’il est censé demeurer à Secondigny, tout près de ses sœurs. Adélaïde s’éteint en 1908, elle a 65 ans. Émile lui survivra, mais il a dû quitter Saint-Laurs car je n’ai pas retrouvé trace de son décès.

Leur 2 enfants d’Émile et Adélaïde grandissent dans ce bourg. Leur fille Eugénie demeure avec ses parents jusqu’à ses 33 ans, elle épouse alors un négociant nantais, Paul SOULARD, sans doute un ami de son frère. Le couple s’installe à Nantes mais ne semble pas avoir eu d’enfants. Étonnamment, Paul SOULARD qui est âgé de 41 ans au moment où éclate la Première Guerre mondiale s’engage dans l’armée. Deux ans plus tard, il meurt dans la Somme. Eugénie revient à Saint-Laurs, où elle décède en 1954 âgée de 88 ans . Quant à Henri, le fils de notre couple, il fait des études d’ingénieur puis se marie à Nantes avec Laurence MARÉCHAL, la fille d’un facteur de piano. Quelques années après son mariage, Henri embrasse la profession de son beau-père, sa mère lui a sans doute transmis le goût de la musique et il rejoint ainsi la tradition de sa famille maternelle. Henri et sa femme ne semblent pas avoir eu d’enfants, ils finissent leur vie sur la côte vendéenne, aux Sables-d’Olonne.

Émile et Adélaïde n’ont donc plus aucune descendance. Ils ont eu une enfance sans doute chaotique mais leur vie de couple semble avoir été sereine et vite libérée des contraintes du travail. On peut espérer que cela leur aura apporté l’apaisement après les traumatismes de l’enfance.

Eugénie, la sœur d’Adélaïde ne s’est jamais mariée et n’a plus quitté Saint-Laurs. À partir de 1886, elle se lie d’amitié avec l’institutrice du village, Léonide IMBERT et en fait son héritière. Elle va aussi léguer à la commune tous ses biens immobiliers dans le village (évalués à 3 000 francs), afin d’y loger les pauvres. Mais, au travers des comptes-rendus des conseils municipaux, il semble que ce legs ait été plus un poids qu’un cadeau. Eugénie s’éteint dans son village d’adoption, le 10 mai 1891, elle a 46 ans, elle laisse 2 000 francs à la fabrique, charge à elle de faire dire des messes pour le salut de son âme. Aujourd’hui, sa tombe dans le cimetière du village est la seule trace de la famille CHEMINANT-REDFERN dans cette commune.

Merci à Maïwenn GUILLEMOT pour les informations sur les descendants d’Émile et Adélaïde.

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