Ce texte est paru initialement dans le cadre du challengeAZ 2023 de Généa79 sous le titre « X comme Joseph Deborde X Anathalie Jourdain ». Le thème était la photographie.
La photo la plus ancienne que je peux vous montrer est sans doute celle de mes ancêtres Joseph DEBORDE et Anathalie JOURDAIN. Ils sont mes sosa 16 et 17, les grands-parents paternels de mon grand-père paternel.
Mariés à Terves en 1859, ce cliché est sans doute un peu postérieur car ils ne semblent pas trop âgés. Je ne pense pas qu’elle ait été prise après 1870. Durant cette période, ils sont métayers sur la ferme du Bois-de-Terves, aidés de valets car l’exploitation est grande. Un seul des trois enfants nés peu après leur mariage survit, Lucien, mon arrière-grand-père né en 1862. Il sera élevé comme un fils unique.
L’image sépia s’est malheureusement un peu estompée, comme le temps qui passe et efface les souvenirs, mais elle reste lisible. Nous sommes devant un décor de photographe car on aperçoit en zoomant sur les côtés des colonnes grecques. On devine à peine le visage de mes ancêtres. Avec sa moustache et sa barbichette de mousquetaire, l’implantation de ses cheveux, sa silhouette, la forme de son visage, Joseph est le portrait craché d’un de mes frères. Anathalie, plus petite et plus ronde lui tient le bras. Leur position, proches l’un de l’autre, donne l’image d’un couple uni et affectueux. Ils posent, sans bouger ni sourire, comme il le fallait à l’époque, mais avec naturel.
Tous deux sont en vêtements de tous les jours, mais soignés. Joseph porte un large pantalon et sa blouse de paysan. Comme il faut bien présenter sur la photo, il a boutonné son sarrau jusqu’au col et serré à la taille par une large ceinture. Joseph a aussi délaissé ses sabots pour ce qui ressemble à des chaussons. Il s’appuie fièrement sur un long fusil.
Anathalie porte la coiffe blanche, des femmes du Bressuirais. Elle est vêtue d’une longue et ample robe agrémentée de large rubans et protégée par un tablier à deux poches, l’ensemble est aussi très proche du costume du pays. Un col blanc et une broche apportent un peu de fantaisie à sa tenue.

Sa main droite tient une « châtelaine ». C’était une chaîne en argent munie d’un crochet ouvragé, en argent lui aussi. Ce crochet s’accrochait dans la ceinture du tablier. À l’autre bout de la chaîne il y avait une boucle où l’on pouvait accrocher soit de petits ciseaux soit un petit couteau qui, par une fente de la jupe, appelée « migaillère », allaient se loger dans une poche du jupon. C’était un bijou utile. Les plus aisées le portaient tous les jours, les moins riches les jours où elles prenaient leurs plus beaux vêtements. La châtelaine n’était portée que par les femmes mariées. Elle faisait partie de des cadeaux offerts dans la corbeille de mariage.
Qui a pris cette photographie ? La technique maîtrisée dès 1840 s’est vite développée et elle a permis l’émergence d’un nouveau métier : photographe. Pourtant, je ne pense pas que des photographes professionnels se soient installés si tôt à Bressuire. S’agit-il alors d’un cliché pris par un photographe ambulant ? Certains se déplaçaient dans les villages traînant matériel de prise de vue et de développement ainsi que décors dans une carriole. Peut-être que l’un d’entre eux s’est arrêté devant leur ferme et a proposé de les prendre en photo. Sans être fortunés, Joseph et Anathalie avaient les moyens de se faire photographier. Ils sont sans doute parmi les premiers de la commune de Terves à poser ainsi pour la postérité.

Ce cliché me permet de mieux connaître ce couple de mes ancêtres directs. Je sais à quoi ils ressemblent, comment ils s’habillent mais je leur découvre aussi quelques traits de caractère : Ils étaient sans doute assez « modernes » pour se laisser prendre en photos et sûrement assez fiers de leur réussite. Je connais même une partie de leur liste de mariage maintenant. Outre la châtelaine offerte à la mariée, il y a la pendule avec son décor de chasse qu’a reçue Joseph en cadeau de ses amis. J’en ai déjà parlé sur mon blog et elle corrobore le goût de Joseph pour la traque du gibier.


Joseph et Anathalie restent dans la ferme du Bois-de-Terves qu’ils quittent vers 1890 pour la plus grande ferme des Touches. Anathalie décède le 19 janvier 1893, âgée de 60 ans. Je ne connais pas d’autre photo la représentant contrairement à Joseph que je vois à différents âges de la vie.
Joseph laisse peu à peu la main à son fils Lucien pour la gestion et le travail de la ferme. Pour ses petits-enfants, il est le pépé José. Il pose avec sa descendance sur une autre photo que j’aime beaucoup et que j’ai déjà racontée. Il s’éteint le 18 septembre 1907 à l’âge de 82 ans.

P.S. : Merci à Marguerite grâce à qui je sais tout sur la châtelaine.

Photographies touchantes ! Merci pour cet article
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Merci pour cet article. C’est toujours tellement plus vivant quand on a du concret sur la vie de nos ancêtres alors avec une photo , c’est d’autant plus concret.
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