
« Le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse. »
Albert Camus. La Peste
1631 fut une année terrible dans le Poitou et dans de nombreuses provinces du royaume de France. La peste était présente dans les villes et les villages et elle frappait indistinctement hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres.
On en retrouve la trace dans certains registres paroissiaux. En Deux-Sèvres, celui d’Availles-Thouarsais est le plus révélateur. En 1631, le curé Mathurin BAUDOUIN relève 112 morts pour cause de peste quand les autres années on en dénombrait de 2 à 10.
Le premier décès date du 25 janvier et le dernier du 10 octobre et pour certains il précise les circonstances du décès. C’est le cas de la servante de Laurent FAUREAU, dont on ne connait même pas le nom

« Aussy le mesme jour [12 août 1631] desedda la servante de Laurent faureau d’availles qui estoit venue d’oyrevault, dont le mal la surprit (?) et saizit dans le dict lieu d’availles. Elle fust contraincte de sen aller a Oyrevault croyant que ses parents et amis la retireroient cequil ne voulerent jamais. Elle coucha 2 nuicts dans les douves d’oyrevault ou elle trépassa dont son corps gist dans le cimetière de saint-hierosme d’oyrevault… »

Cinq kilomètres séparent le village d’Availles-Thouarsais du bourg d’Airvault, distance qui dut être bien longue pour la malheureuse jeune femme. Mais ce n’était rien comparé à la durée de son agonie, seule, rejetée par sa famille dans les douves d’Airvault.
La peste de 1631, qui ne fut ni la première ni la dernière, fut particulièrement sévère en Poitou. Des études ont été faites sur sa propagation à Poitiers, à Montmorillon. On peut aussi s’en rendre compte quand on analyse les chiffres des décès dépouillés par le Cercle généalogique des Deux-Sèvres.
Sur les paroisses dépouillées par le Cercle généalogique des Deux-Sèvres qui couvrent cette année 1631 (il y en a peu), on trouve 1271 décès contre 357 l’année précédente et 485 l’année suivante. Une mortalité 3 à 4 fois supérieure à la « normale ». En me penchant plus précisément sur certaines communes, on retrouve bien évidemment le même pic de décès en 1631 dû très certainement à la peste même si les curés ne donnent pas, comme à Availles-Thouarsais, la cause des décès.
| 1630 | 1631 | 1632 | |
| Azay-sur-Thouet | 21 | 33 | 2 |
| Chanteloup | 15 | 21 | 15 |
| Marnes | 3 | 92 | 38 |
| Terves | 15 | 54 | 14 |
Terrible fléau que la peste… Je ne peux pas dire ce qu’il en est pour Mhère en 1631, cette période est malheureusement lacunaire.
J’aimeAimé par 2 personnes
Pour la vieille malle, c’est la journée des proverbes :
« Je dis seulement qu’il y a sur cette terre des fléaux et des victimes et qu’il faut, autant qu’il est possible, refuser d’être avec le fléau. »
Albert Camus – La peste
J’aimeAimé par 2 personnes
Une maladie qui mérite bien son nom!
J’aimeAimé par 1 personne