La borderie de la Cure de Terves de 1789 à 1826

Résumé des épisodes précédents (La parcelle 105*La borderie de la Cure de Terves avant la Révolution)
Je continue de raconter l’histoire de la maison de mes grands-parents maternels. Elle est aujourd’hui occupée par la mairie de Terves et a été bâtie sur une parcelle qui dépendait autrefois de la borderie de la Cure. Un an avant la Révolution, la borderie était affermée par le prêtre Pierre PROUST au bordier Pierre BOURREAU.


1789 modifia totalement le fonctionnement séculaire de l’exploitation agricole. Les biens du clergé ayant été nationalisés par la loi du 2 novembre, la borderie ne pouvait plus dépendre du curé de la paroisse de Terves.

Très vite mise en vente par l’État, elle change plusieurs fois de propriétaire dans la décennie qui suit et il est difficile d’en assurer l’historique. Il semble que ce soit Pierre François Clément FEYDEAU, sieur de la Coussaye à Terves, qui s’en soit porté le premier acquéreur dès 1791. Mais FEYDEAU meurt le 7 février 1792, assassiné dans son logis par des brigands. L’histoire sordide est à retrouver sur le site des amis du patrimoine de Terves. La ferme est ensuite la propriété d’Alexis BRILLAUD, notaire à La Chapelle-Saint-Laurent. FEYDEAU lui avait-il déjà vendue ou bien est-ce une conséquence de cet assassinat ? Alexis BRILLAUD ne doit pas garder bien longtemps la borderie puisque quelques années plus tard, c’est Pierre-Louis PUICHAUD-GIRARD de Moncoutant qui en est le propriétaire.

Républicains et Vendéens

Il faut dire que, sur cette période, la guerre civile opposant Républicains et Vendéens a été la source de nombreux bouleversements à Terves. Le curé PROUST, refusant de prêter serment à la constitution civile du Clergé, a choisi d’exercer son sacerdoce clandestinement. La commune perd une part importante de sa population qui penche pour le camp royaliste : des hommes meurent en participant à différents combats ; de nombreux habitants perdent la vie avec la répression qui s’en suit. Le village souffre aussi dans son habitat : de nombreuses maisons, fermes et bâtiments sont incendiés à l’automne 1793 par les troupes du général républicain DESMARES. En janvier 1794, la colonne infernale de GRIGNON apporte à son tour mort et destruction dans le bocage bressuirais.

Quelque temps plus tard, après un lent et progressif retour à la paix, la borderie de la Cure comme tant d’autres bâtiments est considérée comme étant en ruine. Pierre-Louis PUICHAUD-GIRARD profite sans doute de l’occasion d’acquérir cette ferme à bas prix. Fortuné, il s’est construit un solide patrimoine de maisons, métairies et borderies dans plusieurs communes en achetant des biens nationaux. Je sais par exemple qu’il avait également acquis à Terves la métairie des Touches qui fait partie de mon histoire familiale paternelle et que j’ai raconté par ailleurs. C’est sans doute lui qui afferme en 1800 la borderie de la Cure pour 3 ans à René GERMAIN, charpentier. Pour quel usage ? Je l’ignore. En 1801, suite au Concordat, l’église de Terves est mise à la disposition de l’évêque de Poitiers. La même année, le préfet des Deux-Sèvres Étienne DUPIN restitue à la fabrique* le presbytère voisin qui était toujours propriété de l’État. La borderie de la Cure dont l’État s’était débarrassé en 1791 reste entre les mains de PUICHAUD-GIRARD.

En 1808, Napoléon Ier accorde des aides pour la reconstruction les bâtiments détruits durant la guerre civile., La borderie de la Cure fait partie de la liste pour la commune de Terves. D’une valeur de 2 000 francs avant la Révolution, il faudrait 2 400 francs pour la reconstruire.

Source AD79 – 1 M 607

Il me semble douteux que PUICHAULT-GIRARD ait finalement demandé une aide comme il l’a fait pour la ferme des Touches qui, elle, a été reconstruite. La maison reste donc en ruine en plein centre du bourg, à deux pas de l’église elle aussi délabrée. Que devient alors cette borderie ? L’habitation n’est plus habitable mais les terres peuvent être cultivées.

Au décès de PUICHAUT-GIRARD en 1824, la borderie de la Cure (ainsi que la métairie des Touches et peut-être d’autres) n’apparait pas dans la longue liste des biens dont héritent ses deux enfants, Colombe et Céran-Casimir. La table de succession ne mentionne que des propriétés situées à Moncoutant, Largeasse, Pugny, Trayes et Moutiers-sous-Chantemerle, ce qui représente déjà une quinzaine de maisons et près de 25 métairies ou borderies. Ces oublis sont-ils volontaires ? La borderie de la Cure est pourtant bien restée dans la famille puisque en 1826, Colombe, agissant en son nom et pour son frère, entreprend de la vendre.

Source AD79, P 361. La métairie et le pailler

L’acte de vente donne le détail des terrains qui la constituent. Il y a le pré des Îlots (16 ares), le pré de Maugrain (23 ares), le pré de Bressuire (23 ares), le petit champ de Maugrain (23 ares), le champ de Maugrain (33 ares), le champ du Milieu (40 ares), le champ de la Croix (33 ares), le champ de l’Humelet (40 ares), le petit pâtis de l’Humelet (24 ares), la grande ouche de l’Orgouillerie (7 ares), la petite ouche de l’Orgouillerie (7 ares), le bois taillis touchant au champ du Bois (80 ares) ainsi que l’emplacement de la maison, des toits et de la cour de la ci-devant métairie [parcelle 106] sans oublier le pailler qui en est séparé par un chemin [parcelle 105].

2 hectares et 69 ares cultivables mais un peu dispersés, 80 ares de bois, une maison et ses toits dont il ne reste que l’emplacement, ce n’était sûrement pas la plus intéressante des propriétés qu’avaient reçue en héritage les enfants PUICHAULT-GIRARD. C’est sans doute pour cela qu’elle est mise en vente et, comme on semble tenir à l’argent dans cette famille, Colombe demande que le paiement se fasse en métal et non en papier.


Celui qui se porte acquéreur ne fait pas partie de mes ancêtres, et pour cause, car c’est Jean LAIGUILLON, le prêtre officiant dans l’église toute proche. La métairie de la Cure va-t-elle renouer avec son passé d’avant la Révolution et servir d’appoint de revenu au curé de Terves ? La réponse au prochain épisode.

  • Fabrique : assemblée de villageois chargés de l’administration de l’église paroissiale.

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