Quand je fais des recherches généalogiques à La Chapelle-Saint-Laurent entre 1730 et 1760, je tombe régulièrement sur le nom de Nazaire Fougoux. En effet, celui-ci était témoin à de nombreux mariages et il signait de façon lisible systématiquement.
Mais, ce qui a le plus joué pour que je le remarque, c’est son prénom et son nom, pas du tout représentatifs de ceux existant dans le Bocage au XVIIIe siècle. Intrigué, grâce aux registres paroissiaux, j’ai pu (un peu) retracer la vie de cet homme.
Nazaire est né le 13 février 1711 à Condat (en Auvergne, dans l’actuel Cantal), à moins que ce ne soit son frère qui porte le même prénom. Ses parents sont Jean Fougoux et Agnès Marmier qui ont au moins 4 enfants. Le prénom a été facile à trouver, c’est celui du saint patron de l’église de sa paroisse natale. Adulte, il exerce les métiers de marchand, chaudronnier, poêlier. En 1732, on le retrouve à La Chapelle-Saint-Laurent. À cette époque, les populations n’étaient pas très mobiles, on vivait et on mourait près de son lieu de naissance. Pourquoi est-il parti ? Le travail manquait-il en Auvergne ? Était-il marchand ambulant ? A-t-il voyagé seul (on retrouve à la même époque aux Aubiers les « traces » d’un Jean Faugoux dont le fils est aussi chaudronnier) ?

Le 19 février 1732 donc, Nazaire Fougoux épouse Jeanne Jouyneau, la fille du boulanger d’un village distant de 350 km de Condat. Malgré l’opposition au mariage du frère de la mariée, on sent déjà que Nazaire Fougoux va vite s’adapter dans sa nouvelle région. Le prêtre s’est assuré auprès du clergé de sa paroisse d’origine qu’il est un bon catholique et de nombreux notables (marchands, chirurgien, tailleur d’habit, lieutenant assesseur…) sont présents à la cérémonie. Avec Jeanne, ils ont 6 enfants entre 1732 et 1743. Durant cette période, il semble que sa famille auvergnate (ses parents et un frère au moins) réside à Bressuire. Son épouse meurt en couche le 6 janvier 1743 et il se remarie très vite, un mois plus tard, avec Marie Madeleine Blocheau. Son père et sa mère retournent à Condat où ils décèdent peu après. Avec sa nouvelle épouse, Nazaire Fougoux a encore 9 enfants nés entre 1743 et 1757. Au moins 8 des 15 enfants nés de ses 2 mariages sont décédés très jeunes. 5 garçons au moins atteignent l’âge adulte.
Sans doute était-il très sympathique ou indispensable à la communauté par sa profession car il est régulièrement sollicité pour les baptêmes et les mariages. Ainsi, il est parrain de 8 enfants de la paroisse (dont un de mes ancêtres, Jean Nazaire Roy), il est aussi témoin à de nombreuses unions, même quand il n’y a aucun lien familial et jusque dans les paroisses voisines. On retrouve sa signature également sur des contrats de mariage. C’est un villageois incontournable. Ses garçons reprennent son métier de poêlier et les mariages de ceux-ci lui permettent de tisser encore davantage de liens avec sa région adoptive. Nazaire décède le 23 décembre 1789, à l’âge de 85 ans selon l’acte (mais peut-être 78 ans), à La Chapelle-Saint-Laurent, la paroisse qui l’a si bien accueilli et où il s’est si bien intégré.

Aujourd’hui, si votre patronyme est Fougoux ou Faugoux, si vous avez des racines dans le Bocage bressuirais et si vous avez un goût prononcé pour la chaudronnerie, vous avez sans aucun doute un ancêtre auvergnat prénommé Nazaire.