Entre septembre 1685 et janvier 1686, on constate, dans le registre de la paroisse de Moncoutant, un nombre massif d’abjurations, forcées, liées sans doute aux dragonnades*, puisque pas moins de 370 personnes, hommes et femmes de tous âges, sont concernées en moins de 4 mois. La formule de l’acte, toujours identique, est assez longue à écrire. C’est un jeune curé de 26 ans, Alexis Bellouard, fraîchement arrivé dans la paroisse, qui se charge de cette tâche. Comme il n’existe pas de formulaires à l’époque et sans doute pour se simplifier la tâche, il préfère le plus souvent regrouper les conversions. Ce fut le cas pour mon aïeule, Perrine Talbot, qui dut renier sa religion en même temps que 5 autres personnes :
« Le 19 septembre 1685, dans l’église de Saints-Gervais-et-Protais de la paroisse de Moncoutant, François Cornuau métayer âgé de 40 ans, Daniel Poing âgé de 42 ans, Jacques Michaud âgé de 42 ans, Renée Turpaud femme de Pierre Germain de la paroisse de Saint-Jouin-de-Milly, Marie Grimaud, Louis Grimaud âgé de 28 ans, Perrine Talbot veuve de Jacques Fillon âgée de 30 ans, ont volontairement et de leur bon gré fait abjuration de l’hérésie et profession de la foi catholique et apostolique, entre les mains de moi soussigné, et en conséquence de laquelle abjuration et profession de la foi, je leur ai donné, par l’autorité et le pouvoir que nous avons de monseigneur l’évêque de La Rochelle, absolution de l’excommunication par eux encourue en raison de la dite hérésie et les avons réconciliés avec l’église catholique apostolique et romaine en présence des témoins soussignés… »

Dans notre actuel département, la Réforme n’a pas seulement concerné le sud des Deux-Sèvres. Ainsi, un foyer important existait autour de Moncoutant et s’étendait bien au-delà puisque j’ai trouvé, grâce aux registres paroissiaux, des protestants à Terves, La Chapelle-Saint-Laurent, Courlay… Mais c’est à Moncoutant que je retrouve le plus de traces du conflit religieux entre catholiques et protestants avec les abjurations forcées et massives mises en œuvre par le curé Alexis Belouard. Celui-ci ne portait vraiment pas dans son cœur ceux de « la religion prétendue et réformée » et il ne devait pas toujours croire en leurs conversions. Ainsi, en rédigeant des actes de baptême, il se permet de les traiter « d’endurcis huguenots » (BMS Moncoutant 1693-1699, vue 187) ou encore de « bâtards huguenots adoués (accouplés) et infâmes » (BMS Moncoutant 1700-1711, vue 11).
Alexis Belouard fut donc un prêtre fortement impliqué dans le mouvement local de la Contre-Réforme. Après son décès à Moncoutant le 18 juillet 1701 à l’âge de 42 ans, de très nombreux curés des paroisses voisines (Terves, Clazay, La Ronde, Scillé, Courlay, Chanteloup, Moutiers-sous-Chantemerle…) sont présents à ses funérailles et signent son acte de sépulture, témoignant ainsi de son importance.

* Les dragonnades sont les persécutions dirigées sous Louis XIV contre les protestants. Les dragons, employés pour cela, étaient des compagnies régulières percevant l’impôt de contribuables redevables d’arriérés. Les dragons étaient logés chez les protestants aux frais de ces derniers.
Bonjour,
J’aimerais savoir si vous avez des ressources sur les abjurations protestantes dans le Moncoutantais voire en Vendée voisine. J’ai beaucoup de branches qui s’arrêtent aux dragonnades mais impossible de savoir s’il s’agit de protestants.
Merci de votre aide
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Bonjour
Je bloque moi aussi sur les familles protestantes autour de Moncoutant. Outre quelques abjurations, les prénoms de certains de mes ancêtres de cette paroisse (Isaac…) me font penser qu’eux ou leurs parents ont été protestants. Je n’ai pas encore fait la démarche (car les recherches sont nombreuses en généalogie) mais on m’a dit que le musée de la France protestante de l’ouest, situé au château de Bois-Tiffrais en Vendée offrait des ressources généalogiques (http://www.bois-tiffrais.org/). Peut-être faudrait-il les contacter ? Je pense qu’ils ont plus d’informations sur le Moncoutantais que la maison du protestantisme à La Couarde dans les Deux-Sèvres. A vérifier toutefois. Sinon il existe aussi quelques registres protestants avant 1685 aux archives de la Vendée (Le Breuil-Barret et La Chataigneraie notamment qui ne sont pas très loin de Moncoutant, voire Saint-Hilaire-des-Loges). Avec un peu de chance, on peut aussi y trouver son bonheur (mais je ne me suis pas lancé encore dans l’aventure pour mes ancêtres). C’est tout ce que je connais actuellement. J’espère avoir été utile. Tenez moi au courant si c’est le cas.
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Merci pour cet article qui m’a permis de mieux comprendre les dragonnades de Moncoutant.
Je bloque également sur ma branche paternelle à partir de 1700 alors qu’il y en a un grand nombre qui sont protestants (famille Pouignault, Pougnaud, Poigneau et variantes), qui abjurent, qui sont condamnés aux galères ou alors qui baptisent leurs enfants. Pour finir par un des libérateurs du pasteur Pérochon en 1747, libéré en 1750.
Je crains que mon ancêtre Jacques Poignault ne soit un enfant enlevé à sa famille. Avez vous des informations sur ce type de pratiques pendant les dragonnades?
Merci d’avance.
JP Poignant
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Je reviens vers vous en ce qui concerne les actes insultants mentionnés en 1698 et 1700. La mère est Jeanne Pouigneau et donc nous serions peut-être cousins?
Au plaisir de vous lire.
JP Poignant
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