Comme promis pendant notre calendrier de l’Avent, je reviens sur la branche poitevine de mon arbre.

De Marie Le Berthon, fille de procureur vivant dans la centre ville de Poitiers, à Louise Savariau, pauvre femme de métayer à Ardin, mes ancêtres ont dégringolé dans l’échelle sociale.
Marie Le Berthon (sosa 1979) épouse, le 7 mars 1675, François Périgord, lui aussi procureur au siège présidial de Poitiers et seigneur de la Ratauderie dont la famille vit dans cette même ville. De leur union, je n’ai trouvé qu’une seule fille Renée (sosa 989) qui se marie avec Charles Nicolas. Charles est né à Fenioux (Deux-Sèvres), c’est un petit noble de province, il est seigneur de la Mitoisière (à Fenioux), de la Taupelière (à Secondigny) et de la Romplelière. Ensemble, ils ont 7 enfants, dont l’aîné Charles-Antoine est mon sosa 494, il hérite des titres de seigneur de la Mitoisière et de la Valentinière. Pourtant, il semble se marier au dessous de sa condition puisqu’il s’unit en 1727 à Marguerite-Suzanne Boureau qui, même si elle sait signer, ne semble pas issue d’une famille de notables. Hélas, 5 ans et 4 enfants plus tard, Charles-Antoine meurt. Marguerite-Suzanne se retrouve veuve et, moins d’un an après, elle se remarie avec René Billaud. Je n’ai pas trouvé d’enfant de ce second mariage et, des 4 enfants nés de la 1e union, ne reste en vie que Marguerite (sosa 247).
A 20 ans, malgré l’opposition de son curateur, Marguerite Nicolas épouse René Goudeau, un menuisier. Outre cette opposition au mariage, le ménage semble avoir entretenu des rapports conflictuels avec la famille Nicolas puisqu’il existe dans les archives municipales de Parthenay la trace d’un désaccord entre eux et le sieur Nicolas concernant dix années d’arrérages d’une rente de 36 livres et 200 livres pour meubles.
Je pourrais sans doute en savoir un peu plus sur ce couple et son mariage puisqu’il existe aussi un contrat de mariage passé entre eux le 7 novembre 1750 auprès de maître Bernardeau, notaire à Parthenay. Mais pour l’instant cet acte n’est pas communicable aux Archives Départementales des Deux-Sèvres, il me faudra patienter avant de le consulter.
Ce que je sais malgré tout c’est que René et Marguerite ont 5 enfants dont 3 atteignent l’âge adulte. Parmi eux, mon aïeule Marie-Louise Goudeau (sosa 123). Elle se marie en 1784 à Beceleuf avec un métayer, François Savariau.
Mais l’année suivante elle meurt en couches à 25 ans en laissant une petite fille, Louise (sosa 61), laquelle épousera à 27 ans François Boutin un métayer.
En suivant le fil des histoires, on se rend compte que ce déclin est dû à la mort prématurée d’un père et au peu de place accordé aux femmes dans la société.
Jusqu’à Renée Périgord et Charles Nicolas, tout va bien, on est entre gens du même monde, Renée est même apparentée à la famille des Talleyrand-Périgord.
C’est avec Charles-Antoine que tout bascule. Il se marie a priori sous sa condition, mais la dot de la fiancée est sans doute intéressante (le contrat de mariage devrait m’en apprendre plus quand je pourrai le voir) et peut-être que la famille Nicolas connait des revers de fortune à ce moment-là. Pour couronner le tout, Charles-Antoine a la mauvaise idée de mourir à 28 ans laissant une seule fille. À partir de là, les choses ont dû se dégrader très vite et, comme les relations avec la famille Nicolas devaient s’être détériorées avec un mariage contre l’avis de son curateur et un procès avec sa famille, Marie-Marguerite Nicolas ne pouvait sans doute plus compter sur eux.
C’est ainsi qu’il a finalement suffi de 2 générations pour quitter les ors des palais (de justice) ou des petits châteaux des campagnes poitevines et se retrouver pauvre paysan à la veille de la révolution française.
Très intéressante, la façon de poser la question des classes sociales autrefois.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci ! C’est un article que j’avais en tête depuis un moment déjà.
J’aimeJ’aime
Article très intéressant, j’espère que la consultation du contrat de mariage sera bientôt possible (et que nous aurons la suite de l’histoire 😉 ). En farfouillant dans les registres, j’étais également tombée sur une forme de « dégringolade » dans l’échelle sociale, mais dans des conditions différentes. Une veuve de la petite noblesse, âgée de près de 40 ans, épouse un laboureur de dix ans son cadet vers 1720. Autant que je puisse en juger, ses enfants nés du 1er mariage épouseront tous des personnes « en-dessous » de leur condition. L’un de ses petits-fils se rattachera toutefois par son mariage avec la petite noblesse. Puis la révolution passe par là, et c’est la dégringolade.
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci ! J’ai hâte de voir le contrat, mais j’ai peur d’être obligée de patienter encore car le projet de numérisation de ces actes n’est pas encore à l’ordre du jour.
Ces « dégringolades sociales » se trouvent sans doute dans beaucoup de familles, autant que les « ascensions » mais on en parle moins….
J’aimeAimé par 2 personnes
Approche sociale très intéressante qui illustre bien notamment la vulnérabilité des veuves.
Marquant également de voir des femmes au XVIII qui savent lire, mais plus leurs petits enfants. .. Bravo.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci ! Je suis tout à fait d’accord sur la vulnérabilité des veuves, cela se constate à toutes les époques.
Concernant les signatures, cela m’étonne toujours de voir qu’elles sont plus fréquentes au XVIIIe qu’un siècle après mais c’est une constante, en tout cas dans mon arbre.
J’aimeJ’aime
Des constatations similaires dans mes recherches. Beaucoup plus de signatures aux XVII ème et XVIII ème siècles et en particulier chez les femmes, qu’au XIX ème. De nombreuses « dégringolades » également, à relativiser cependant.
En effet les charges de procureurs, contrôleurs, notaires, huissiers… étaient certes très honorables, mais elles s’achetaient, et pas si cher que ça pour certaines… En revanche, les titres de noblesse étaient acquis et gardés pous toujours, enfin je crois… ( je n’en ai pas dans mon arbre !).
Article très intéressant et qui me donne envie de me pencher sérieusement sur la question…
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai pu faire les mêmes constatations sur les signatures des femmes. <
Les "dégringolades", même si on les relativise, sont intéressantes surtout quand, comme moi, on a des familles qui ne bougent pas beaucoup et qui exercent toujours les mêmes métiers. En tout cas, je compte poursuivre mes recherches sur cette branche et j'espère avoir la chance de trouver d'autres renseignements…
J’aimeAimé par 1 personne
A reblogué ceci sur History's Untold Treasureset a ajouté:
Arbre de nos ancêtres
J’aimeAimé par 1 personne
Très interéssante cette manière d’analyser la situation sociale. C’est une question que j’essaye de comprendre dans mes généalogie, autant dans la dégringolade que dans l’ascension.
Néanmoins, l’alliance de Marguerite et de René pourrait un mariage d’amour.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci ! Pour ma part, je trouve plus de dégringolade que d’ascension dans ma généalogie ….
C’est vrai qu’il faut aussi envisager le mariage d’amour entre Marguerite et René, je n’y avais pas pensé mais c’est une possibilité que je note.
J’aimeJ’aime
Bonjour, je viens de lire votre article qui est intéressant, bravo. Je descends aussi de la famille PERIGORD, mais comment pouvez-vous dire que cette famille est apparentée aux TALLEYRAND-PERIGORD ? Merci de votre réponse.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci.
Pour le lien avec les Talleyrand-Perigord j’ai trouvé quelque chose, mais je ne sais plus où… Je vais rechercher et vous le faire savoir. Et je vais aussi le noter dans ma généalogie !
J’aimeJ’aime
Merci pour votre réponse, j’attend votre mail. Bonne fin de journée
J’aimeJ’aime