Il existe des événements cachés dans toutes les histoires familiales. Si certains sont très lourds, d’autres hésitent entre le non-dit et le secret de famille comme j’ai pu le vérifier avec ma grand-mère maternelle.
Je vous ai déjà parlé d’elle avec l’histoire de la tonnelle aux Allemands. Je voudrais évoquer ici une de mes premières découvertes généalogiques sur la famille de ma grand-mère Céline Bouet. Selon ma mère, Céline, fille d’Étienne Bouet et de Marie Mélina Boutin, n’avait qu’un frère, lequel était mort à la guerre 14-18.
Mais, quand j’ai recherché dans les registres d’état civil, j’ai découvert qu’elle était la quatrième d’une fratrie de 5 enfants.
Étienne et Marie Mélina se marient en 1891 et l’année suivante ils accueillent leur premier enfant : Aimé Léon Bouet. Aimé est bien mort à la guerre 14-18, mais il n’est pas leur seul fils. En 1893 et en 1894 naissent deux garçons, le premier meurt à 15 jours et le second à 8 mois. Céline est donc la quatrième enfant du couple, elle voit le jour le 28 janvier 1897 dans la ferme familiale de La Fouillée à Faye-sur-Ardin dans les Deux-Sèvres.

Céline n’a pas un an quand son père meurt en décembre 1897, à l’âge de 38 ans. Sa mère est alors enceinte. Elle accouche en juin d’une petite fille Élise qui meurt elle aussi à 5 mois.
Quand j’ai montré mes découvertes à ma mère elle a été très surprise et c’est un sujet qu’elle aborde encore souvent avec moi. Maman était très proche de sa mère et elle a du mal à admettre que ces sujets n’aient jamais été évoqués entre elles deux.
Je crois qu’il peut y avoir plusieurs raisons à cela.
Céline n’a peut-être jamais su qu’elle avait eu 3 autres frères et sœurs. Les décès d’enfants en bas âge étaient encore fréquents, on n’attachait pas la même importante qu’aujourd’hui à la perte d’un bébé. Et quand bien même cela aurait été le cas, Marie Mélina n’a sans doute pas pu évoquer la douleur de ces décès. Elle se retrouve veuve alors qu’elle est enceinte avec un fils de 5 ans un fille d’1 an. Elle a dû affronter une vie quotidienne difficile et n’a eu d’autre choix que de s’occuper des vivants et non des morts. Ce n’est que 4 ans après la mort d’Étienne qu’elle se remarie, une deuxième union qui restera sans enfant.

Tous ces drames familiaux ont dû marquer cette petite fille qui est devenue ma grand-mère. Maman a le souvenir de l’avoir toujours vue vêtue de noir. À l’époque, on portait longtemps le deuil et ma grand-mère a connu de nombreux décès prématurés, celui de son père et de ses petits frères et sœur et bien sûr celui de son frère aîné en janvier 1915, dès le début de la guerre 14-18.
Ma grand-mère Céline est décédée à 60 ans, l’année de ma naissance. Elle n’a jamais raconté à quiconque les malheurs de sa propre enfance.
Une histoire touchante. Par contre, le lien de la « tonnelle aux Allemands » boucle sur ce même billet. Une erreur de presse-papier sans doute 🙂
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Merci ! Je viens de corriger le lien !
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Émouvant ! Une existence entre deuil et dévouement, comme il y en avait tant (ce qui n’enlève pas les mérite de votre article).
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Merci, c’est l’histoire de ma grand-mère, et elle m’a fait aussi prendre conscience que ces vies difficiles n’étaient pas cantonnées à un passé lointain.
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Belle histoire! C’est vrai que la sensibilité de nos anciens nous est en partie étrangère…notamment vis-à-vis de la disparition de leurs proches.
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Merci, je viens de lire votre article sur Charlotte qui m’a beaucoup touché.
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Et oui, c’est seulement en creusant, en cherchant en profondeur qu’on peut trouver une part de vérité dans les histoires familiales, et force est de se demander pour quelle raison, certains secrets n’ont jamais été révélés. En tout cas, vous découvrez constamment de nouvelles belles histoires…
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Tout à fait d’accord, et j’irais même plus loin : les histoires, voire les légendes familiales, ont très souvent un fond de vérité et on a intérêt à les regarder de près.
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Merci à tous les deux. J’ai la chance de pouvoir interroger mes parents et grâce à ces échanges je découvre beaucoup de choses, des petits détails de vies et aussi parfois des choses plus graves.
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