
Le 15 décembre 1704, à Loge-Fougereuse (Vendée), maître François Mosnay, notaire, rédige un contrat de mariage : celui de François Brossard, menuisier, 29 ans, avec Marguerite Daguin, sans doute un peu plus âgée. François Brossard est un des fils de mes ancêtres Jean Brossard et Marie Verdon. Marguerite Daguin en est à sa 3ème union : elle est veuve de Jean Augier qu’elle a épousé en 1ère noce en 1690, elle est aussi veuve de son second mari Jean Bertaud épousé en 1699. De son 1er mariage, elle a un enfant Jean Augier, peut-être âgé d’une dizaine d’années.
Il y a quelques biens dans ces 2 familles du bourg de Loge-Fougereuse qui doivent s’unir. Les Brossard forment une famille de menuisiers. Le père sait signer péniblement mais les enfants semblent avoir appris à écrire. Ils ont en tout cas un paraphe beaucoup plus délié. Quant à Marguerite Daguin, la future épouse, son père et ses précédents maris étaient marchands et savaient également écrire. Il y a donc les arrangements financiers habituels. Mais, il y a, en plus, des dispositions prises envers Jean Augier, le garçon que Marguerite a eu de son 1er mariage. Le notaire écrit : « Lesquels futurs conjoints sont tenus et obligés de nourrir, vêtir et entretenir le dit Jean Augier, mineur en leur maison, lui faire apprendre à lire, écrire jusqu’à l’âge de 16 ans accomplis (…) et lui faire apprendre le métier qui se commerce ou se marchande et lorsqu’il aura atteint le dit âge de 16 ans et qu’il veuille sortir de la dite maison, en ce cas, les susdits proparlés sont tenus de lui payer l’intérêt suivant l’ordonnance… » Il est un plus loin précisé : « Et au cas où le dit Jean Augier fut maltraité et qu’il voulut sortir de la maison des futurs conjoints, il pourra le faire lorsqu’il lui plaira… »
Je ne suis pas encore très familier des actes de notaires et c’est la première fois que je rencontre ce genre de dispositions. Je ne sais pas si c’était une règle fréquente ou si c’est le fait et la volonté d’une mère aimante et attentive. En tout cas, cela change un peu ma vision de la place des plus jeunes dans la société des XVII et XVIIIe siècle. Il pouvait donc arriver que l’on prenne en compte l’enfant, non seulement d’un point de vue pécuniaire (l’héritage) mais aussi pour s’inquiéter de son éducation, de sa formation et veiller à ce qu’il ne soit pas maltraité (ces dispositions envers le fils de Marguerite étaient déjà présentes, y compris l’éventuelle maltraitance, au contrat de mariage qu’elle avait eu avec son 2ème mari, Jean Bertaud en 1699.)

La cérémonie nuptiale à l’église n’a finalement pas eu lieu : est-ce en raison de ces clauses ou est-ce pour quelque autre raison sentimentale ou matérielle ? Là aussi, c’est la 1ère fois que je vois cette situation (mais ce n’était peut-être pas rare autrefois.)
2 ans plus tard, le 12 avril 1706, Marguerite Daguin passe un nouveau contrat de mariage à Loge-Fougereuse, cette fois-ci avec Jean Bobineau, un tisserand. Le notaire écrit que Marguerite est la veuve de Jean Augier, puis de Jean Bertaud, mais il ne fait pas mention de Jean Brossard ou d’un 3ème mari décédé. Dans ce dernier contrat, Marguerite n’a plus de demandes spécifiques pour son fils. Celui-ci approche de ses 16 ans et des dispositions sont peut-être moins nécessaires. Le mariage avec Jean Bobineau est cette fois consacré par la cérémonie religieuse qui a lieu le 1er juin 1706 dans la même paroisse.
Quant à François Brossard, il doit attendre 10 ans après son union inaboutie pour se marier à son tour. Il épouse le 31 janvier 1714 à Loge-Fougereuse Anne Bobineau. Elle n’est heureusement pas la sœur de Jean Bobineau, les repas de famille seront plus tranquilles !
Le couple formé par François Brossard et Anne Bobineau vivra assez longtemps et semble n’avoir pas eu d’enfants. Je trouve trace d’Anne en 1738 et de François en 1748 (il a 73 ans). Peut-être croisait-il de temps en temps Marguerite Daguin qui habite elle aussi le bourg de Loge-Fougereuse. Cette dernière n’a pas eu d’autre enfant avec son 3ème mari, Jean Bobineau, qui décède en 1716. Elle a le bonheur l’année suivante d’assister à la cérémonie nuptiale de son fils Jean Augier, celui qu’elle a toujours défendu. Il épouse Gabrielle Charrier avec qui il aura 8 enfants. Je perds ensuite la trace de Marguerite. Elle devait être d’autant plus fière au mariage de son fils que, comme elle le souhaitait ardemment, Jean sait lire et écrire (il sait en tout cas signer avec un peu d’aisance) et il a un métier qui doit lui convenir, sans doute appris au contact de son dernier beau-père, puisqu’il est tisserand.
Tiens, tiens, Moi aussi j’ai des DAGUIN (famille de marchands) dans mon ascendance et j’ai le souvenir d’avoir « ramé » longtemps sr une certaine « Anne DAGUIN » parce qu’elle avait de nombreuses soeurs, (fratrie d’une quinzaine d’enfants)…Mais sans doute n’ont-ils rien à voir…
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Je n’ai pas trop fouillé l’ascendance de Marguerite Daguin mais de mémoire son père était marchand à Coulonges-sur-l’Autize dans les Deux-Sèvres (Charles sans doute comme prénom). C’est peut-être un peu loin de l’Anjou…
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