Pour le Généathème de ce mois-ci, Sophie Boudarel nous propose un retour aux sources, de vérifier nos premières recherches. J’ai dû le faire il y a quelques années pour résoudre une contradiction. Je vous raconte pourquoi et comment ci-dessous.
Sur la branche de Pierre Deborde, le grand-père paternel de mon grand-père paternel (ma lignée agnatique quoi !), je me pensais « confortable ». Je savais qu’il était né le 1er décembre 1799 à Pugny (Deux-Sèvres), je connaissais ses parents, André Deborde et Pélagie Baudu, je le savais fils unique, j’avais trouvé son mariage (acte filiatif) le 17 mai 1822 à Pugny avec Marie-Jeanne Grelier, j’avais les actes de naissance et de mariage de ses 3 enfants. J’avais suivi ses déménagements et sa petite ascension sociale. J’avais aussi remarqué qu’il se faisait appeler souvent François, ce qui m’avait posé bien des problèmes : il avait un cousin nommé Pierre Deborde, à peu près du même âge qui avait épousé une Françoise (dite Marie !) Grelier et ils avaient l’un et l’autre eu la bonne idée de donner à leurs enfants parfois les mêmes prénoms !!! Mais bon, tout cela était résolu, j’avais du coup le sentiment de plutôt bien connaître mon aïeul ! Il ne me restait plus pour être complet qu’à rajouter son acte de décès que je trouvais sans difficultés : il était mort le 1er mars 1879 à Terves, Ses enfants, Joseph et François, avaient fait la déclaration en mairie : Pierre avait 80 ans, il était veuf de Marie-Jeanne Grellier (décédée 3 ans plus tôt) et il était né à Pugny. Jusqu’à présent, j’étais plutôt content, tout était conforme (même l’âge) à mes recherches. Je continuais donc ma lecture : …fils de feu Deborde André (OK) et de (ARG !!!) feue Rose Ponsard. Horreur !!! Malheur !!! Sa mère n’était pas Pélagie Baudu !!! M’étais-je trompé sur la mère de mon aïeul ? Devais-je remettre en cause toute une branche de ma généalogie ?
Il m’a fallu donc tout revoir. Je suis parti pour refaire ma recherche d’André Deborde puisqu’il n’y a jamais de contradiction pour lui entre les actes : au baptême, mariage et décès de son fils Pierre, ce sont toujours les mêmes nom et prénom d’André Deborde qui sont donnés comme étant ceux de son père, et le risque d’homonymie est infinitésimal. J’ai donc repris les actes le concernant lui ainsi que son fils pour trouver où était le « loup » !
La relecture des actes m’a plutôt rassuré sur la justesse de mes recherches préalables. Le père, André, s’est marié 2 fois. Il a épousé, le 22 novembre 1796 à Pugny, Pélagie Baudu, avec qui il a eu un enfant Pierre (mon ancêtre ?) né le 1er décembre 1799. André n’est pas tout jeune à son mariage (47 ans) mais je n’ai pas vu de traces de mariage antérieur. S’il y avait eu des indices, je crois que je les aurais dénichés car André a toujours résidé dans la même paroisse de Pugny où les actes sont trouvables sur cette période. Pélagie décède le 14 juillet 1800. André se remarie avec Rose Turpeau 4 ans plus tard, le 2 février 1804. Celle-ci est également veuve, de François Gaspard, avec qui elle a eu 2 garçons malheureusement décédés. Le couple nouvellement formé n’aura pas d’autre enfant. Ils élèvent donc ensemble Pierre, le fils unique d’André. Rose décède le 11 janvier 1821 et André le 4 août 1822. Celui-ci de toute évidence n’a donc pas eu d’autre épouse que Pélagie Baudu et Rose Turpaud. Je n’ai trouvé aucune trace de Rose Ponsard ailleurs que sur l’acte de décès de son fils. Aucune femme portant ce prénom et ce nom n’apparaît dans la base de données du Cercle généalogique des Deux-Sèvres. Le patronyme de Ponsard est même quasiment absent du département ! Pour moi, Rose Ponsard n’existe pas, la mère de Pierre Deborde ne peut donc être que Pélagie Baudu et mes premières recherches étaient donc bonnes ! Ouf !
Il me semble pourtant tout à fait improbable que le maire ait pu confondre le nom de Pélagie Baudu et de Rose Ponsard. C’est donc bien ce nom qui a été donné par Joseph et François, les fils de Pierre Deborde, déclarants de son décès. Je m’interroge sur le pourquoi de cette déclaration. L’erreur est-elle volontaire ou involontaire ? Pour le coup, je ne peux qu’émettre des hypothèses. J’ai tendance à penser qu’ils ignoraient qui était leur vraie grand-mère paternelle. Pélagie Baudu, la mère de leur père, est morte quand ce dernier n’avait que 7 mois, il n’en avait donc aucun souvenir et il avait été élevé dès l’âge de 4 ans par sa belle-mère Rose Turpaud. Il savait parfaitement que ce n’était pas sa mère (sur son acte de mariage, c’est le nom de feue Pélagie Baudu qui apparaît) mais sans doute a-t-il considéré sa belle-mère comme une mère. Les enfants de Pierre n’ont pas pu connaître leur grand-père ni son épouse Rose Turpaud, décédés avant leur naissance. Mais sans doute que Pierre leur a parlé de cette dernière comme si elle était sa mère. Cela expliquerait pour le moins le prénom de Rose donné sur l’acte de décès. Mais pourquoi le nom de Ponsard ? Un surnom ? Une explication serait une confusion avec le nom du premier mari de Rose, Jacques Gaspard. Pour ses petits-enfants, elle aurait été Rose Gaspard (Ponsard ??), la mère de leur père ?
Je n’aime pas trop en général quand on essaie de tordre les actes pour les faire coïncider avec ses propres hypothèses, mais dans le cas présent, je suis bien obligé de le faire un peu, en me disant que mes ancêtres n’étaient pas non plus infaillibles et qu’ils répétaient ce qu’on leur avait bien appris.
Ah, s’ils avaient pu aller vérifier leurs dires en mairie ou aux Archives !
Le nombre de fois où je me suis demandé si le curé ou l’officier d’etat civil avait ou non fait une erreur … Ca me fait penser à cet article écrit en 2013, un patronyme « bizarre » sur un acte de décès, jusqu’à ce que je comprenne comment il avait été « fabriqué » – http://www.chroniquesdantan.com/les-gens/lenigme-marie-lailus
J’aimeAimé par 1 personne