Mes petits soldats (5) : La Grande guerre

Aujourd’hui, 11 novembre oblige, je termine ma série sur mes ancêtres face à la conscription et au service militaire. Je finis donc avec les « poilus » de mon arbre, me limitant comme pour les épisodes précédents à mes ancêtres directs et à leur fratrie.

Mobilisation_Générale_19143 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France qui se voulait prête. L’ordre de mobilisation générale a été publié 2 jours plus tôt et concerne tous les hommes de 20 à 47 ans. Les hommes de l’active aptes à servir, de 20 à 23 ans sont déjà sous les drapeaux. Les rejoignent  les hommes de la réserve, ceux de 23 à 34 ans, puis ceux de la territoriale de 34 à 41 ans . Les moins âgés de la réserve de la territoriale  (entre 41 à 47 ans) seront aussi rappelés. Comme la guerre va durer 5 ans, les jeunes gens des classes suivantes devront servir avec 1 an d’avance pour rejoindre leurs aînés sous l’uniforme. Ce conflit a donc mobilisé quasiment 2 générations, des jeunes gens de 19 ans et d’autres qui pouvaient être leurs pères !

Ce 1er août 1914, je n’ai alors aucun petit soldat de ma famille sous les drapeaux. Quelques jours plus tard, ils sont 10, âgés de 24 à 41 ans, à devoir regagner une caserne. Ils seront rejoints un an plus tard par mon grand-père Hubert Deborde, trop jeune pour être appelé dès 1914. Dans quel état d’esprit sont-ils partis ? Je ne le sais pas, n’ayant pas retrouvé de lettres des poilus de ma famille (mais je ne désespère pas).

Les 3 aînés relèvent de la territoriale. Ce sont des cultivateurs qui, grâce à leur âge, évitent le front et les tranchées.
– Mon arrière-grand-père Gustave Turpaud âgé de 41 ans est marié et a 5 enfants de 1 à 12 ans. Il est classé inapte et peut donc retrouver sa famille.
– Mon autre arrière-grand-père du même âge, Xavier Frouin, est marié et a 2 enfants de 11 et 13 ans. Il est chargé de surveiller un dépôt d’armes à Saumur.
– Henri Goron (40 ans) est lui aussi marié, mais je ne sais pas s’il a des enfants. Il surveille sans doute aussi un dépôt d’armes à Poitiers.

Les 7 autres, plus jeunes, doivent partir pour le front. J’ai déjà raconté l’histoire de certains d’entre eux au fil d’articles sur ce blog.
– Henri Blais (36 ans, cultivateur, marié depuis 4 ans) avait pourtant été dispensé en 1898 en tant que soutien de famille. Il rejoint le 67e RI et il est blessé le 10 juin 1915, sans doute à Mouilly, dans la Meuse : éclat d’obus entraînant une rétractation des 4 doigts de la main, éventration, plaies dorsales. Invalide à 85%, il est admis à la réforme avant la fin de la guerre.
– François Goron (35 ans, boulanger, veuf, remarié depuis 3 ans) semble ne pas avoir été au front. Il est versé dans le 9e escadron territorial du train puis dans la 14e section des commis militaires. Il traverse en tout cas la guerre sans blessures !
– Lucien Blais (33 ans, cultivateur, célibataire) passe dans différents régiments d’infanterie  : 114e, 128e, 90e et a lui aussi la chance de ne pas être blessé.
– Joseph Nueil (32 ans, cultivateur, marié, 1 enfant), mobilisé dans le 3e régiment d’infanterie colonial de Rochefort, meurt « pour la France » le 5 novembre 1915 à Massiges. J’ai évoqué son tragique destin dans « Rendez-vous ancestral en Argonne ».
– Joseph Goron (31 ans, cultivateur, marié, 1 enfant) passe du régiment de cavalerie légère de Niort au 9e escadron du train de Châteauroux, puis au 33e régiment d’artillerie d’Angers, et enfin au 109e. Il échappe aux blessures mais pas aux honneurs : il reçoit une citation, la médaille commémorative de la Grande guerre et la médaille de la Victoire.
– Alcide Deborde (26 ans agriculteur, célibataire), mon grand-oncle est incorporé au 68e RI. La guerre s’arrête pour lui le 4 mai 1916 : il est fait prisonnier à Verdun. Interné au camp de prisonniers de Soltau (entre Brême et Hambourg), il est rapatrié le 22 janvier 1919.
– Auguste Blais (24 ans, boulanger, célibataire) à peine libéré des 3 ans de service militaire obligatoire, est rappelé au 32e RI de Châtellerault. La déveine le poursuit, il enchaîne blessures et maladies qui le mènent souvent à l’hôpital militaire. Blessé le 15 janvier 1915 à Zonnebeke et le 9 mai 1917 à Cauroy, il attrape aussi la scarlatine, la gale, une bronchite sévère. Il reçoit 3 citations, la croix de guerre et la médaille militaire. Pensionné à 40%, il est décoré en 1954 de la Légion d’honneur.

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Mon grand-père sous l’uniforme

Mon grand-père Hubert Deborde (18 ans, agriculteur, célibataire), trop jeune pour partir dès août 1914, est incorporé à son tour le 10 avril 1915. Il est affecté au 114e, puis au 239e RI où il est soldat signaleur. Porté disparu à Fleury-devant-Douaumont le 23 juin 1916, il est en fait prisonnier et se retrouve interné à l’hôpital de Grafenwöhr, en Bavière, pas très loin de la frontière tchèque. Il y est soigné pour une blessure à l’épaule gauche et au front (j’ai déjà raconté la guerre et la détention de mon grand-père et de son frère Alcide dans 2 articles de ce blog). Il est rapatrié le lendemain de Noël 1918 et libéré de l’armée le 20 septembre 1919.

Voilà. Avec mon grand-père paternel (1 mètre 68 sur sa fiche matricule) et avec la guerre 14-18, je termine ma série sur les petits soldats de ma famille. La variété des destins que je viens d’évoquer (blessé, médaillé, prisonnier, mort, sain et sauf…) est sans doute la même pour toutes les familles. Je me dis que, pour ce dernier chapitre au moins, le titre « les petits soldats » n’est pas tout à fait approprié. Je pense bien sûr aux soldats qui sont morts comme Joseph Nueil. Je pense à ceux qui ont été blessés ou mutilés, à ceux prisonniers, à ceux décorés, à ceux fusillés pour l’exemple… à ceux indemnes. Ils ont tous souffert pendant les combats et, pour les survivants, ils ont aussi souffert le reste de leur vie au souvenir de ces années terribles !  Et je me dis qu’ils étaient grands !

Et si vous voulez tout relire :
Mes petits soldats (1) : Le Premier Empire (1804-1815)
Mes petits soldats (2) : les monarchies constitutionnelles (1815-1848)
Mes petits soldats (3) : La Seconde République et le Second Empire (1849-1870)
Mes petits soldats (4) : Les débuts de la IIIe République (1870-1914)

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