Le quinze octobre mille sept cent soixante et un après trois publications de bans faite en cette paroisse du futur mariage de Jean-Pierre, fils majeur de Jean Renault, laboureur, et de Renée Hairault avec Marie Renault, fille majeure de défunt Pierre Renault et de Marie Coudreau, tous habitants de cette paroisse, après avoir tiré un arbre généalogique et interrogé les parties contractantes, leur père, mères, parents et anciens n’ayant reconnu entre les dits proparlés aucune parenté, ni alliance pour n’être point descendus d’une souche commune quoique du même nom, je prêtre curé soussigné leur ai donné la bénédiction nuptiale…

Comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, il en était parfois de même pour les curés avec la généalogie. Ainsi, pour demander à l’évêque une dispense de mariage pour consanguinité, il leur fallait prouver les liens familiaux préexistants entre les époux. Mais, en l’occurrence, ce n’est le cas du prêtre de Clessé. Il savait ce qu’il faisait car il parle explicitement de généalogie, un mot que je n’avais jusqu’alors jamais rencontré dans des registres paroissiaux ou des actes notariés. Et ça tombe bien, je suis comme le curé Jacques Cirotteau, je fais de la généalogie et j’aimerais bien remonter sur ces Renault.
Pour comprendre l’origine du patronyme de Marie Renault la mariée, je remonte jusqu’à son grand-père. Ainsi que le dit l’acte de mariage, elle est la fille de Marie Coudreau et de Pierre Renault qui se sont mariés 27 ans plus tôt, le 16 novembre 1734, dans cette même paroisse de Clessé. J’y apprends que le marié est le fils de Jean Renault et Perrine Bounin. Un fils possiblement unique puisque je ne trouve du couple parental que le seul baptême de Pierre en 1703 à Amailloux. Ma recherche bloque ici, puisque le mariage de Jean Renault et Perrine Bounin est introuvable.
Pour le marié Jean-Pierre Renault, je connais ses parents, Jean Renault et Renée Airault (c’est elle qui m’intéresse surtout), ses six frères et sœurs, Marguerite, Marie-Radegonde, Jean, Louis, Pierre et Jacques qui comme lui se marient et vivent pour la plupart dans la même paroisse de Clessé mais c’est tout. La naissance de l’aîné et le décès d’un des frères m’apprend que cette famille était sans doute auparavant installée à Pougne, paroisse où les registres antérieurs à 1750 sont quasiment inexistants. Le curé de Clessé aurait quand même pu m’aider davantage !

Sauf que je me suis rendu compte que, dans cette famille Renault du marié, le patronyme est beaucoup moins stable que pour celui de la mariée. En effet, pour chacun des membres, on trouve au hasard des actes la transcription Renault ou Arnault. Le fort accent poitevin ne devait pas permettre aux curés et notaires de faire un choix définitif et stable entre ces 2 noms ! Mais cela a conforté pour moi l’hypothèse du curé que les 2 familles ne sont pas du tout liées. Après tout, il avait interrogé père, mères et anciens…
J’ai donc fait preuve de ténacité, j’ai cherché au filet plutôt qu’à la ligne l’existence de Jean Arnault (plutôt que Jean Renault), époux de Renée Airault, en m’aidant de la base de données de Généa79. Et j’ai fini par le trouver témoin en tant que cousin (avec sa femme) en 1736 au contrat de mariage de Jean Motet, fils de Jacquette Airault. J’ai alors fait comme le curé Cirotteau, j’ai tiré un arbre généalogique, j’ai cherché la souche commune et, de fil en aiguille, j’ai pu prouver que Jean Renault (ou Arnault) était le neveu par alliance de mon ancêtre Jeanne Airault (sosa 275) et, récompense ultime, j’ai même réussi à trouver mes sosas 550 et 551, parents de cette dernière.
Jolie trouvaille ! J’ai déjà vu un arbre tracé dans un registre. Tout s’éclaire ! c’était probablement pour rechercher des liens de parenté avant mariage. Dommage que le curé de Clessé n’ait pas laissé son arbre !
Vous relevez aussi une particularité régionale. J’ai également dans mon arbre des Renault-Arnault pour lesquels je n’ai jamais tranché, ils sont d’Aubigny et Gourgé
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Merci Mauricette. J’ai appris suite à cet article qu’une inversion de phonèmes (AR pour RE ou bien RE pour AR), ça s’appelle une métathèse. Je suis moins bête aujourd’hui !
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Dommage que le curé de Clessé n’ait pas reproduit l’arbre dans son registre ! Celui de St-Projet l’a fait en tirant l’arbre généalogique de ses paroissiens, notamment des BONNIFET : https://archinoe.com/cg79/visu_affiche.php?PHPSID=b56013d18dba091521c50f6123ee13f1¶m=visu&page=1# (vues 207, 208 entre autres). On trouve la tombe de François AYRAULT dans l’église de Pougne.
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Merci Stéphane. J’ai moi aussi rencontré des recherches généalogiques de curé sous forme d’arbre. Il faudrait que je les retrouve. Pour la ou les tombe(s) de l’église de Pougne, est-ce qu’il existe des sources en ligne (liste, document…) ? cela m’intéresserait bigrement !
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Je repense à cette transformation AR ou RE… Quand en Gâtine, dans les conversations on parle de la …NAULT, avec l’accent, on obtient phonétiquement [LARNO], le E n’étant pas prononcé. On peut transcrire l’ARNAULT ou la RENAULT. Je peux me tromper, mais ce me semble très plausible, et ça n’éclaire pas sur le choix à faire.
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