C’est au Begnon, paroisse d’Ardin, qu’ont vécu quelques années, entre 1794 et 1820, mon ancêtre Nicolas Boutin (sosa 120), sa seconde épouse Jeanne Mitard mais aussi le fils de Nicolas, François Boutin (sosa 60) et sa femme Louise Savariau (sosa 61). Durant cette période, avec leurs enfants, ils vont habiter ce lieu-dit composé d’une seule métairie.

Avant de rejoindre cette métairie, Nicolas Boutin demeure dans la paroisse de Béceleuf. C’est dans ce village que naissent 3 enfants de son union avec Françoise Guitton (sosa 121). Selon les actes, Nicolas est laboureur et métayer. Le 1er janvier 1789, Françoise meurt, peut-être en couches, elle n’a que 35 ans. Mais Nicolas attend plus de 4 ans pour se remarier. Pourtant ses 2 enfants encore vivants sont jeunes, 7 et 5 ans au décès de leur mère. En juillet 1794, Nicolas épouse en secondes noces Jeanne Mitard, originaire d’Ardin. C’est sans doute après cette union que le couple afferme la métairie du Begnon (je suis encore à la recherche d’un acte notarial qui le confirme). De cette seconde union naissent deux fils, dont un meurt 4 jours après sa naissance. Nicolas Boutin et Jeanne Mitard vivent alors sur leur métairie avec deux fils du premier lit, mon ancêtre François et son frère Pierre, et un fils du second lit aussi prénommé Pierre. Une cousine de sa première épouse Jeanne Mudet demeure aussi avec eux jusqu’en 1798. Cette dernière, célibataire, a sans doute trouvé un accord avec son cousin en faisant de lui son héritier. Elle a pu ainsi s’occuper des aînés après le décès de leur mère. Je n’ai pas touvé de trace de testament ou de donation pour Jeanne Mudet. Elle meurt en l’an VI et il existe très peu d’actes pour cette période sur le canton de Coulonges-sur-l’Autize.
Le fils de Nicolas, François Boutin, lui aussi laboureur, épouse Louise Savariau le 3 mars 1813 à Ardin. Il a 30 ans et elle est âgée de 27 ans. Louise est la fille de François Savariau, laboureur, et Marie-Louise Goudeau ou Godeau selon les actes. Sa mère est morte en couches. Son père s’est remarié 3 ans après et a eu 2 autres fils. Au moment de ses noces, Louise est domestique au village de Grignon dans cette même commune d’Ardin. La veille de l’union, un contrat de mariage a été dressé par le notaire Antoine Guiotton de Coulonges-sur-l’Autize. J’ai retrouvé la trace de cet accord grâce aux Tables du contrôle des actes notariés et de l’enregistrement, plus spécifiquement dans les Tables des contrats de mariages, accessibles en lignes sur le site des AD79. Il ne me restait plus qu’à aller le consulter en salle de lecture.
J’y découvre divers renseignements. Tout d’abord à propos de Louise. Elle apporte en dot 150 francs, cette somme est évaluée en additionnant ses économies sur ses gages de domestique, du mobilier et du linge provenant de l’héritage de sa mère ainsi que son propre linge et de la vaisselle. Louise a 27 ans au moment de son mariage, son salaire de servante a sans doute été versé, selon la coutume, à son père au cours des premières années, mais avec le temps l’argent a dû lui revenir, tout du moins en partie.
C’est grâce à ce contrat que j’apprends que François et sa famille demeurent à la métairie du Begnon. Sur son acte de mariage, seule est nommée la commune, il n’y est pas fait de mention de lieu-dit. Il faut bien reconnaître que celui-ci se compose d’une seule métairie, on peut donc comprendre que l’édile ne se donne pas la peine de le mentionner. Dans son ouvrage sur les Deux-Sèvres rédigé au début du 19e siècle, le préfet Dupin l’évoque comme un lieu-dit composé d’une seule métairie. Google Maps me confirme que la campagne n’a guère changée et qu’il n’existe toujours qu’une seule maison dans ce petit hameau. Nous sommes au sud-ouest de la paroisse, tout près de l’Autize qui coule un peu plus bas et qui ici sépare Ardin de Saint-Pompain, après Guilbeau.

François dispose d’un sixième de la communauté familiale évaluée à la somme de 90 francs. Il vit donc au Begnon avec son père Nicolas, sa belle-mère Jeanne Mitard et son demi-frère Pierre. Son frère Pierre, ainsi que l’épouse de ce dernier Françoise Richard, possédent aussi une part, mais ils ne vivent pas dans la maison familiale, ils sont installés au bourg d’Ardin. La famille ne posséde ni les terres ni la ferme, ils ne sont que locataires. C’est sans doute fin 1820 qu’elle déménage, elle prend une nouvelle ferme à Chambron, toujours dans la paroisse d’Ardin.
Ils ont donc passé plus de 25 ans à travailler une terre qui ne leur appartenait pas, sur laquelle ils n’étaient que de passage, c’était le lot de tous les métayers et mes ancêtres n’échappent pas à cette régle. Cependant, la famille Boutin, (ou devrais-je dire les familles Boutin tant le nom est fréquent ici), est présente dans ce village au fil des générations, elle a laissé une empreinte dans le bourg : quelques plaques à leur nom sont apposées sur les bancs de l’église et toujours en place aujourd’hui.

Bravo pour ce récit familial. Une oeuvre d’art , une approche de la généalogie qui mérite d’être connue, un bijou de famille en quelques sortes !
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Merci beaucoup Sylvie 🙂
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Article très intéressant et très bien raconté, bravo Sylvie.
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Merci à toi Mattéo !
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C’est très touchant… Les actes, les cartes et la plaque les rendent tout proches.
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Merci Mauricette, j’ai découvert ces plaques dans l’église d’Ardin, chaque banc a les siennes. J’y retrouve beaucoup des noms de ma généalogie.
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Bravo c’est passionnant, j’ai moi-même un ancêtre mort pendant les guerres de Vendée mais j’ignore où .. On retrouve son épouse et ses 2 filles dans le Loiret !! comment y sont-elles parvenu ?? grande question – merci pour ce témoignage
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Merci Rose !
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