Avec cet article, je participe au #Généathème du mois d’avril 2021 de Geneatech : naissances multiples.
Je recense aujourd’hui 204 jumeaux dans ma base qui compte plus de 15 000 actes de naissances. C’est 1,36% des enfants dont la filiation est connue, 46% sont des filles et 54% de garçons. Ces chiffres correspondent peu ou prou aux moyennes nationales. Parmi ces jumeaux, 23% ont vécu jusqu’à l’âge adulte et 45% sont morts dans les premiers jours ou la première année. Pour les autres, je n’ai pour l’instant pas de données, mais je suppose que beaucoup sont morts en bas âge. On peut donc dire qu’environ 1 jumeau sur 4 a vécu. Mes mères sont plutôt chanceuses puisqu’une seule meurt en couches. Parmi ces parturientes, 6 ont eu 2 fois des jumeaux et les mères ont survécu. Mais arrêtons là les chiffres qui ne feraient que reprendre des constatations déjà notées ici par Raymond ou ailleurs. Je préfère aujourd’hui m’intéresser à ceux parmi eux qui sont mes aïeux.
De tous ces bébés, seuls 5 sont mes ancêtres, 3 dans ma lignée agnatique et 2 dans ma lignée cognatique. Ils sont nés dans des familles et des milieux assez variés pour ma généalogie d’un petit terroir rural. La médecine de l’époque ne sachant pas déceler les grossesses multiples, cela a dû être à chaque fois une surprise pour les parents et une épreuve pour les mères. Voici donc mes 5 jumeaux :
Pierre de Villiers né le 1er octobre 1599 à Niort Notre-Dame. Son jumeau Jonas est sans doute décédé jeune. Il est le plus lointain de mes ancêtres jumeaux. Sur Geneanet, cette filiation diffère souvent. J’ai effectué des recoupements entre l’état-civil, les fiches du fonds Laurence (un outil complémentaire fort utile pour les recherches sur Niort) et le Beauchet-Filleau (le dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou). Pour moi, Pierre est le fils de Philippe de Villiers et Marguerite Chenereau. Son père est un notable de la ville. Son grand-père a été maire de Niort et il est mort l’épée à la main à la tête de la compagnie qu’il commandait lors de la prise de la cité par l’armée protestante en 1588. Pierre et Jonas de Villiers sont les aînés du couple, qui aura au moins 2 autres enfants. Pierre deviendra maître apothicaire et épousera à 29 ans Madeleine Ecotière, 12 enfants naîtront de cette union. Pour tout savoir sur lui, j’ai déjà évoqué sa vie ici.
François Périgord né le 21 août 1653 à Poitiers. Sa jumelle Renée va atteindre l’âge adulte. Ils sont les enfants de Jean Périgord procureur au présidial de Poitiers et de Renée Huot. C’est la 5e grossesse de la mère qui aura encore 7 autres enfants. François sera procureur comme son père et il épousera à 21 ans Marie Le Berthon, la fille d’un… procureur. Ils auront 14 enfants. François s’éteindra dans sa paroisse Saint-Porchaire à Poitiers en août 1706, là où il était né 53 ans auparavant. Les liens avec sa sœur jumelle Renée sont sans doute restés forts d’autant que Renée épouse Jean Billocque, aussi procureur du siège présidial de Poitiers et demeure dans cette même ville.

Perrine Couperie née à Saint-Laurs le 4 mars 1676 et dont le jumeau Pierre meurt 5 jours après la naissance. Perrine est la fille d’Isaac, un marchand, et de sa seconde épouse, Renée Blouin. Avec un tel prénom, le père de Perrine est sans doute issu d’une famille protestante. Perrine va passer toute sa vie à Saint-Laurs, elle y épouse à 19 ans Pierre Pipet et donne le jour à 3 enfants, elle prénomme son aîné Pierre. Je ne connais pas sa date de décès, mais elle meurt avant ses 50 ans.
Jacques Laidin né le 6 avril 1710 à Villiers-en-Plaine, sa jumelle Marie décède le jour de ses 1 an. Jacques est le fils de Jean Laidin un laboureur et de Marie Delespine. Avant cette grossesse, Marie avait déjà accouché de jumeaux. Mon ancêtre Jacques devient laboureur comme son père. A 23 ans, il s’unit avec Marie Talineau, la fille d’un maçon du village. Ils auront 7 enfants. Jacques s’éteint à 75 ans dans la paroisse qui l’a vu naître.
Jacques Morisset né le 23 mai 1801 à Saint-Maixent-de-Beugné, sa jumelle Louise vit jusqu’à 67 ans. Fort logiquement, c’est lui que je connais le mieux. Il est le fils de Charles Morisset, un bordier, et de Jeanne Babin. Il épouse Marie Victoire Bouliteau, la fille d’un charron de la paroisse voisine de Saint-Laurs. Le couple s’installe à Saint-Maixent-de Beugné et a 7 enfants. Jacques est bordier comme son père, il vit dans le village de Faurs jusqu’à sa mort à l’âge de 74 ans. Jacques et sa jumelle sont restés proches : Louise épouse du tisserand, Joseph Dieumegard a vécu toute sa vie dans le même village de Faurs. Jacques est le premier témoin au mariage de Louise. Les liens ont été maintenus au fil du temps. Ils vont se poursuivre au travers des générations. Jacques est témoin au mariage de sa nièce Marie Dieumegard. Et quand Victor Morisset, fils de Jacques, meurt à 36 ans laissant une veuve et 3 petits-enfants, c’est Louis Dieumegard, le fils de Louise, qui devient le tuteur des enfants. J’ai déjà évoqué cette histoire ici et là, mais je n’avais pas noté le lien gémellaire entre leurs parents. Certes, tous vivent dans le même hameau, mais en cas de difficulté, c’est vers la famille du jumeau que l’on se tourne. Cela se poursuit bien des années plus tard : en 1903, au décès de Victoire Morisset, la petite-fille de Jacques, est témoin son cousin Louis Joseph Dieumegard, un petit-fils de Louise.
Ces enfants sont nés dans des milieux divers et ont eu des destins variés. Puisqu’ils sont mes aïeux, tous ont eu une descendance, parfois nombreuse. François Périgord et Jacques Morisset ont vécu en restant proches de leur jumeau. Quant à Pierre de Villiers, Perrine Couperie et Jacques Laidin ils n’ont sans doute jamais su qu’ils n’étaient pas seuls à leur naissance, à l’époque les parents n’évoquaient guère les bébés disparus.
Bonjour,
Comme toujours, écrit de façon très agréable. Vous faites revivre vous ancêtres avec leurs conditions de vie ( bien souvent) difficiles.
Cordialement.
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Merci Catherine 🙂
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