Aujourd’hui 20 mars, c’est l’arrivée du printemps, la fin de l’hiver et le début des beaux jours. C’est un 20 mars, mais en 1719, que naît Suzanne Guéry. Elle est la petite-fille de mes ancêtres Jean Pipet, un tuilier, et Louise Neau. Ses parents sont Marie Pipet et Hilaire Guéry, un marchand. Tous vivent à Saint-Laurs dans le Poitou.
Est-ce que cette naissance sous le signe du renouveau a profité à Suzanne ? Intéressons-nous à sa vie pour en savoir plus.
Ses parents, Hilaire Guéry et Marie Pipet s’unissent le 20 octobre 1706 dans l’église paroissiale de Saint-Laurs.
5 enfants naissent dans les années qui suivent, 4 à Saint-Laurs. Seule, Suzanne est baptisée dans la paroisse voisine de La Chapelle-Thireuil, avec le consentement du curé de Saint-Laurs, sous le nom de Marie Suzanne. Ses parrain et marraine, trop jeunes pour répondre lors du baptême, sont représentés par le vicaire de La Chapelle-Thireuil et une demoiselle Marie de Bellay. Mais difficile de savoir pourquoi la famille a choisi ce lieu. Peut-être que Marie Pipet a accouché dans ce village lors d’un déplacement avec son mari, ou tout simplement le curé de Saint-Laurs n’était pas disponible. Des 5 enfants d’Hilaire et Marie, seuls Suzanne et son frère Pierre auront une descendance.
Dans les années 1710, la famille vit alors dans une relative aisance. Le père est marchand, sans que j’en sache plus sur son négoce. Son beau-père est tuilier, il travaille peut-être avec lui. Il est aussi possible qu’il commercialise la production des chauliers alors nombreux à Saint-Laurs. Hilaire Guéry est aussi propriétaire d’une ferme dont il partage les revenus avec Pierre Jarriau, un notaire. Cette ferme lui rapporte 200 livres par an (environ 3 000 €). Auxquels revenus s’ajoutent des dons en nature : quelques poulets et chapons, des fromages… Les enfants du couple, Pierre bien sûr, mais aussi Suzanne, reçoivent une éducation, ils savent lire et écrire. En tout cas, Suzanne a une signature affirmée.
Pierre quitte le giron familial à 25 ans pour épouser la fille d’un marchand de Saint-Maurice-des-Noues, à 16 kilomètres de son village, en Vendée. Puis, c’est au tour de Suzanne de se marier à Saint-Laurs le 1er juin 1750, avec Antoine Soulezelle. Son père assiste à ses noces, mais pas sa mère, décédée en 1746. Peu après son veuvage, Hilaire Guéry s’est remarié, et à 68 ans il est là en compagnie de sa nouvelle épouse et sans doute de sa dernière-née, Elisabeth, laquelle a 30 ans de moins que sa demi-sœur Suzanne.
Après leur mariage Suzanne et Antoine Soulezelle demeurent dans la paroisse de Saint-Laurs. Antoine est bordier. Entre 1751 et 1763, 5 enfants voient le jour : 3 filles et 2 garçons. Mais alors que la plus jeune n’a que 3 ans, Antoine, alors âgé de 42 ans, décède. Pendant quelques années, c’est seule que Suzanne élève ses enfants. Ce n’est qu’en 1773, soit 7 ans après son veuvage, qu’elle se remarie avec un certain Antoine Neau. Ce dernier semble plutôt effacé. En effet, lors des 4 mariages de ses enfants, même si Antoine Neau est parfois cité, c’est Suzanne Guéry qui apparait la première sur les actes, le curé note même que son fils est « sous l’autorité de sa mère ». Et sur chaque registre on remarque au premier plan la signature, toujours aussi assurée, de Suzanne. Un veuvage, et sans doute une certaine liberté pendant les années où elle a assuré seule la vie de sa famille, ont donné à notre Suzanne de la force, et elle devait déjà avoir du caractère avant cela ! Par contre, si comme elle son fils paraphe les registres, elle n’a visiblement pas offert à ses filles l’éducation qu’elle-même avait reçue.
Après l’union de sa dernière fille en 1792, je perds la trace de Suzanne Guéry et de son second mari Antoine Neau. Nul indice pour l’instant ne me mène vers leur décès.
Finalement, naître un jour de printemps a placé Suzanne sous de bons augures. Si je compare sa vie à celles d’autres femmes de l’époque, elle semble avoir eu une enfance stable auprès de ses parents. Un mariage dont les premières années semblent plutôt sereines, avec des enfants dont 4 sur 5 ont atteint l’âge adulte. Certes, elle a connu un veuvage mais elle semble l’avoir surmonté. Et, pour l’époque, elle a été épargnée par certains malheurs.
Voilà l’histoire de Suzanne, née un 20 mars, jour de printemps… ou presque, car en cette année 1719 l’équinoxe de printemps était le 21 mars…
A priori, sacré caractère, née sous le signé du Bélier!!
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