Ces enfants nés beaucoup trop tôt

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Paysanne allaitant Anonyme, Musée D’Orsay © RMN Tony Querrec

Après avoir évoqué les enfants nés dans le mois qui a précédé l’union de leurs parents, je voudrais aborder ici d’autres cas. J’ai repéré dans mon arbre plusieurs naissances pour lesquelles le père est cité dans l’acte de baptême, alors que les parents ne sont pas mariés. Les 3 couples concernés s’unissent pourtant quelques années plus tard.

Le 2 mai 1715, dans la paroisse de Parthenay-le-Vieux, Madeleine Carré, âgée de 22 ans, met au monde un fils et cite son père, Louis Bourreau. Cependant, ce n’est que 2 ans plus tard que Louis et Madeleine se marient. L’époux est le fils de mon sosa Louis Bourreau et de sa première épouse Marie Bordage. Louis est marchand, comme son père. Lors de leur union, le 1er février 1717, toujours à Parthenay-le-Vieux, aucune référence aux familles des époux : hormis le sacristain qui signe, personne n’est cité. Il n’y est pas fait mention et/ou reconnaissance de l’enfant né 2 ans plus tôt. Est-il mort ? Je n’ai rien trouvé pour l’instant… L’année après le mariage, une petite fille vient au monde, elle semble avoir vécu jusqu’à l’âge de 15 ans. En effet, je retrouve sa trace le 12 mai 1737 date à laquelle elle est enterrée à Parthenay, dans l’église Notre-Dame-de-la-Coudre, étant à cette date pensionnaire chez des religieuses. Les 2 époux vivent ensemble 30 ans jusqu’au décès de Louis « le jeune » en 1747. Après cette date, Madeleine retourne dans sa famille, auprès de son frère François à Parthenay, faubourg du Marchiou. J’espère avoir la chance de trouver d’autres informations sur ce couple en consultant les actes notariés de l’époque, cette lignée passait facilement chez le notaire. Enfin, je me dois de préciser que cette famille est peut-être protestante, certains indices me laissent à penser qu’elle a pu être à un moment de confession huguenote, ce qui expliquerait aussi le mariage tardif.

Les 2 autres cas concernent une même famille, celle de Jean Birot, un marchand, fils d’ancêtres, et Jeanne Gardien de Verruyes. Ils sont les parents de 7 enfants et 2 de leurs filles vont mettre au monde des enfants reconnus par les pères, mais bien avant la cérémonie du mariage.

Tout d’abord, Marie-Jeanne Birot. Elle donne le jour à un bambin, dans la ville de Parthenay, paroisse de Saint-Laurent, le 12 août 1754 : il s’agit d’Antoine Birot. Il est dit « fils de Pierre Birot métayer et de Marie-Jeanne Birot ». Pierre est métayer à Verruyes, mais c’est à Parthenay que naît son fils. Marie-Jeanne est-elle partie mettre au monde son fils loin de la famille ? Était-elle servante dans cette ville ? Les 2 hypothèses sont plausibles. Ce n’est que 3 ans après que les parents s’unissent. L’acte de mariage de Pierre et Marie-Jeanne, le 24 octobre 1757, me donne une explication sur cette union tardive : les futurs époux sont cousins germains. Ils ont dû demander une dispense de 2e degré de consanguinité ! Dans leur cas, la naissance d’un enfant apportait la preuve d’union charnelle, l’une des causes de dispense permettant d’obtenir l’autorisation de se marier. À la différence des dispenses de 3e ou 4e degré, accordées par un évêque, les dispenses de 2e degré sont plus rares et toujours accordées par le pape. Celle de Pierre et Marie-Jeanne est fournie par Benoît XIV. À l’époque, et selon les régions, le délai d’obtention d’une telle dispense est de 2 à 6 mois. Et il ne faut pas oublier qu’une autorisation pontificale coûte très cher ! La famille a dû dans un premier temps rejeter le projet d’union. Pourtant, lors de la cérémonie religieuse François Birot le père de Pierre, le seul des 4 parents encore en vie, n’est pas cité et il ne signe pas l’acte.
En regardant la vie des 2 époux, des indices permettent de faire des suppositions sur cette union. À 14 ans, Marie-Jeanne perd sa mère, son père ne se remarie pas. Elle est l’aînée d’une fratrie de 7, le plus jeune n’a que quelques mois. Son père, Jean est marchand comme son frère François (le père de Pierre, le futur époux de Marie-Jeanne). On peut supposer que les 2 frères travaillent ensemble, tous habitent Verruyes, ils sont voisins ou partagent la même maison. À ce moment là, Pierre a 17 ans, il existe surement un proximité entre lui et Marie-Jeanne depuis l’enfance. Pierre a lui aussi perdu sa mère alors qu’il n’avait que 7 ans et son père ne s’est pas remarié. Il est possible que les enfants de ces 2 couples aient été un peu livrés à eux-même, en tout cas aucune femme n’était là pour les surveiller.

Pour finir, il y a ces jumelles, Jeanne et Louise Bonifet, inscrites le 5 avril 1756 au registre de Verruyes dans les termes suivants « nées […] du commerce illégitime de Jacques Bonifet et Jeanne Birot, le dit Jacques Bonifet ayant reconnu les enfants luy appartenir ». Le père est présent lors de la déclaration, quant à la mère, elle est la sœur de Marie-Jeanne. Les Birot et les Bonifet sont 2 familles habitant depuis longtemps à Verruyes, je les croise plusieurs fois dans mon arbre. Là aussi, 2 ans plus tard, Louise épouse Jacques Bonifet, lequel reconnaît les 2 fillettes. Pourtant, ici, rien ne semble expliquer ce mariage tardif. Quant aux jumelles, elles ont la chance d’avoir vécu toutes les 2, elle se sont mariées et ont eu une longue existence : Jeanne vivra jusqu’à 73 ans et Louise 63.
Verruyes_vue_generale_bourg_CP

3 couples, 3 histoires que je devine bien différentes ! Toutes apportent la preuve que la vie amoureuse pouvait être complexe au 18e siècle comme aujourd’hui et que les histoires d’amour (j’aime à penser qu’il s’agit d’histoires d’amour) ne finissent pas toujours mal comme dans la chanson. Elles peuvent aussi avoir un dénouement plus heureux.

 

6 commentaires sur “Ces enfants nés beaucoup trop tôt

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  1. J’ai été très intéressée par le couple Jean BIROT/Jeanne GARDIEN qui est dans ma généalogie. J’avais d’ailleurs mal marié Jacques BONIFET !!! Je lui avais attribué pour épouse, Marie Jeanne et non Jeanne… Pour compléter avec ces enfants arrivés trop tôt, dans la descendance du couple Jacques Bonifet/Marie BIROT, 4 générations plus tard, nait mon arrière grand-mère de père inconnu. Sa mère se marie 2 ans 1/2 plus tard avec François BONNIFAIT qui lui donnes son nom et la reconnait.

    Aimé par 2 personnes

    1. C’est toujours étonnant de voir que les mêmes histoires se répondent au travers des générations ! Chez les enfants de Jean Birot et Jeanne Gardien, il est facile de se tromper entre les filles puisque 3 ont un prénom qui commence par Marie (et 2 s’appellent Marie-Jeanne).

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  2. j’ai des cas comme vous, enfin le mot cas ne me plait pas. Donc, j’ai une ancêtre mariée à un soldat, et puis elle a eu des enfants avec un autre homme mais ils ont vécu ensemble, jusquà ce que le couple reçoivent le papier comme quoi l’époux était mort en Afrique du Nord, enfin après des années ils se sont mariés et régulariser leur situation, je pense que c’était une belle histoire d’Amour, comme vous j’ai à penser cela, c’est mon côté fille, lol

    sinon, j’ai eu des bébés dans mon arbre, et des dames enceintes, mais idem leur fiancé était en service,

    et puis un autre cas j’arrive pas à le résoudre, j’avais poser la question à geneanet, mais donc une jeune fille a eu en Bretagne un enfant naturel, en 1841 et puis en 1847 un autre, qui était le père, pourquoi ? a t il subi des viols ? son amoureux étaient ils soldats, plein d’idées me viennent en tête, mais ce qui me fait peine, c’est qu’elle est restée célibataire toute sa vie, et sur son acte de décès c’est noté célibataire, je me dis qu’elle a dû être malheureuse, que peut être le village était pas gentil avec elle, enfin je me fais tout un roman, ce qui est dommage, c’est que j’ai une branche morte aussi, ne pouvant plus remonter le temps, et c’est pas loin de ma souche tout de même,

    bon voilà mon petite blablatage,

    j’aime bien votre blog

    Julie

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  3. pardonnez moi je viens de relire mon commentaire pleins de fautes d’orthographe, mais j’ai le repas sur le feu ! et j’ai fait cela à tout vitesse, ah la la la passion de la généalogie fait faire bien des bêtises, j’ai écris plus vite que ma pensée

    Julie

    J’aime

  4. à nan point douter ceux sont des protestants , pas de sacrement de mariage , on signe l’union devant le notaire, non visibilité sur l’état civile de l’époque qu’est régit par l’église catholique,(fallait surtout montrer que tu étais un bon catholique encore plus si le curé était SANSOM ) sinon chez les protestants il n’y avait pas d’abandons lorsque les parents décédaient prématurément ils étaient pris en charge par la famille proche voir les parrains et marraines ,je trouves ces cas chez mes aïeuls…

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