E comme Enfant trouvé


En 1872, Louis Médard  mineur chef de ménage veuf de 41 ans vit avec ses 2 enfants, Marie et Alcide âgés de 14 et 7 ans, ainsi que sa belle-mère, Marie Ragueneau, chaulière, également chef de ménage et veuve, âgée de 70 ans. Le recenseur nous révèle que Louis Médard est né à l’hospice. C’est l’occasion à travers cet homme d’évoquer 2 particularités de la commune de Saint-Laurs dans les Deux-Sèvres du XIXe siècle, la présence de mineurs et celle d’enfants placés.

Louis Médard est déposé le 6 juin 1832, tout juste né et vêtu de haillons, à la porte de l’hospice des Hameaux tout près de Thouars. C’est là qu’étaient recueillis de nombreux enfants abandonnés du nord du département. Dès le lendemain, il est placé en nourrice chez Victoire Grolleau femme Bagnard à Moutiers-sous-Argenton. Il y reste jusqu’à l’âge de 2 ans. Puis, pour une raison que j’ignore, il est envoyé à l’hospice de Niort le 20 septembre 1834. Il est sans doute placé dans une famille du canton de Coulonges-sur-l’Autize, comme beaucoup d’autres enfants abandonnés. Je ne le retrouve qu’à 20 ans : en 1852, il réside à Fenioux pour le tirage au sort pour l’armée. Il ne sait ni lire ni écrire et, pour cause de faiblesse générale, il échappe à la conscription. Il n’était peut-être pas si faible que ça puisque, en 1856, il travaille comme mineur à Faymoreau, en Vendée toute proche. Il est alors logé chez un couple de bordiers, Jacques Saulet et Jeanne Guilmet. L’année suivante, le 19 octobre 1857, il épouse à Saint-Laurs une fille de la commune, Pélagie Barribaud. La mariée signe contrairement au marié. Elle exerce le métier de tuilière. Elle est la fille d’un chaulier mort en 1854 et de Marie Ragueneau qui se déclare chaulière. Le jeune couple s’installe dans le bourg de Saint-Laurs et Louis Médard change d’employeur, il travaille désormais pour les Houillères de Saint-Laurs.

Deux enfants naissent, Marie le 12 novembre 1858 et Alcide le 2 juin 1863. Louis Médard, l’enfant abandonné, a maintenant une famille. Ses beaux-frères, Baptiste Raguenaud, chaulier, et Louis Mathé, instituteur public du village, sont proches et présents. 8 années de bonheur familial, j’espère, s’écoulent. Hélas, en moins de 10 ans, les drames familiaux vont se succéder. Le 13 septembre 1871, Pélagie âgée de 36 ans décède à son domicile. Cela explique la présence en 1872 de la belle-mère de Louis Médard à son domicile. Elle l’assiste pour l’éducation des deux enfants âgés de 14 et 9 ans. Le 21 juillet 1875, Louis Médard perd son fils Alcide âgé de 12 ans. 3 années plus tard, le 26 juin 1878, c’est lui qui meurt à l’âge de 46 ans. L’acte d’état civil précise qu’il est décédé aux mines de Saint-Laurs à 8 heures du matin, ce qui laisse supposer un accident du travail.

Il existait aux mines un cahier d’instructions pour intervenir après un accident. Il donnait des conseils en cas d’asphyxie, fractures… ainsi que la composition de la boîte de secours. Certains éléments seraient difficiles à trouver aujourd’hui. La pharmacie était gérée par des religieuses, lesquelles pouvaient aussi apporter les premiers soins en attendant l’arrivée du docteur Audigé qui résidait à Ardin. La pharmacie était-elle adaptée ? Était-elle complète ? A-t-elle servi en vain pour Louis Médard ? Selon un document conservé aux AD79, elle devait contenir :

Deux tubes de caoutchoucUn litre de teinture d’arnica
Coton hygroscopique 5 KilogsDeux litres d’amandes douces
Vingt bandes de dimensions différentesDeux litres d’eau de chaux
Une paire de ciseaux à pointes moussesUn verre
Une pièce de flanelle de 10 mètresUne cuillère de fer étamé
Un appareil à fabriquer de l’oxygène
avec un sac en caoutchouc
Une canule munie d’un soufflet propre à être
introduite dans les narines
Un litre d’eau-de-vieUne canule en gomme élastique
Deux litres d’alcool camphréAcide phénique un demi litre
Un irrigateur EguisierUn rouleau de sparadrap
Tartre stibié 10 paquets de 5 centigrammesUne boîte de sinapismes Rigollot
Sulfate de soude un kilog.Perchlorure de fer liquide un demi litre
Noir animal un kilog.Deux flacons d’ammoniaque liquide
10 attelles brisées de dimensions différentes


Moins d’un an plus tard, le 11 mars 1879, Marie Ragueneau, la belle-mère de Louis Médard qui vivait avec lui, décède. Elle avait 78 ans. Et le mois suivant, le 25 avril 1879, Marie, la fille de Louis Médard et dernière survivante de la famille, meurt à l’âge de 20 ans. Il ne reste plus personne de la maisonnée !

Louis Médard aurait-il pu avoir un destin heureux ? Abandonné à la naissance, exerçant le dur métier de mineur, il n’avait pas le profil idéal pour cela. Il a sans doute eu un peu l’espoir d’obtenir une meilleure condition en fondant une famille avec Pélagie qui était socialement bien mieux lotie que lui. Mais cela n’aura duré qu’un temps bien court.

4 commentaires sur “E comme Enfant trouvé

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    1. Merci. Cette liste donne une petite idée des soins pratiqués à la fin du XIXe siècle. Je n’ai pas osé faire de trait d’humour sur les sinapismes Rigollot au vu du destin de Louis Médard. J’aurais aimé le faire mais il aurait fallu que sa vie soit beaucoup moins triste.

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