
Sur le recensement de 1872, on trouve plusieurs familles de mineurs venues de Bretagne. Si j’en crois l’agent recenseur, 11 personnes sont originaires du Finistère. Parmi elles, Michel Goasanvot et de son épouse Marie-Anne Le Gall. J’aurais pu évoquer aussi François Louis Leguyader et Françoise Collec, Charles Leham et Marie Ruau... Tous viennent de Huelgoat et Poullaouen, 2 villages miniers.
Cela ne doit rien au hasard. Le site de Poullaouën, Locmaria-Berrien et Huelgoat dispose de mines de plomb argentifères, lesquelles étaient déjà exploitées à l’époque gallo-romaine. Elles connaissent un regain de production aux 18e et 19e siècle avec la création en 1732 de la Compagnie des Mines de Basse-Bretagne. Si on n’y extrait pas de charbon, les méthodes de la compagnie sont les mêmes qu’à Saint-Laurs : les investisseurs ne sont pas des locaux, on fait venir des régions minières la main-d’œuvre qualifiée et les simples ouvriers sont des habitants des villages. Seule différence avec Saint-Laurs : le rejet de la Compagnie par la population locale. L’âge d’or de l’exploitation ne dure pas et les puits ferment, en 1866 à Poullaouën puis en 1873 à Huelgoat. C’est sans doute ce déclin qui pousse des familles de mineurs à quitter la Bretagne pour tenter leur chance dans d’autres zones minières. On peut supposer que c’est pour cela que Michel Goasanvot et Marie-Anne Le Gall ont quitté Poullaouen.
Michel est le 3e d’une fratrie de 7. Ses parents sont cultivateurs ou journaliers. Marie-Anne est la fille d’un mineur-cultivateur, je ne lui connais qu’une sœur. Ils quittent l’un et l’autre leur village pour partir s’installer à Chaudefonds-sur-Layon, dans le Maine-et-Loire. Si Michel est parti seul pour ce département, Marie-Anne quant à elle est venue avec ses parents. Les 2 jeunes gens se connaissent sans doute depuis l’enfance mais ce n’est qu’arrivés à Chaudefonds qu’ils se marient. Au moment de leur union, Marie-Anne est domestique et Michel travaille à la mine des Malécots. Ici, on exploite le charbon depuis très longtemps mais c’est au début du 19e siècle, avec la création de la concession de Layon-sur-Loire, que l’exploitation se développe.
Pourtant Chaudefonds ne sera qu’une étape de leur voyage. Tous 2 poursuivent alors leur périple plus au sud vers Saint-Laurs, les parents de Marie-Anne ne les accompagnent pas, ils restent dans le Maine-et-Loire. En 1845, quand naît leur premier fils, Michel et Marie-Anne sont installés au village de la Rampière, Michel est toujours mineur.
Étonnamment, 3 ans plus tard ils sont de retour à Carnoët, dans les Côtes d’Armor et Michel a repris son activité de cultivateur. Pourquoi ce retour dans leur région natale ? C’est un mystère ! Ils restent là quelques années, puis, en 1859, ils vont un peu plus loin, à Landeleau dans le Finistère. Et en1872 ils sont revenus à Saint-Laurs. Michel et Marie-Anne ont alors 58 et 56 ans, ils habitent au village de la Caumaillère avec leurs 3 aînés, Louis, Jacques et Perrine. Michel est redevenu simple mineur. La plus jeune Marie qui n’est pas recensée avec eux épouse l’année suivante un mineur originaire de Saint-Étienne. Les parents de la mariée sont présents et Michel se déclare cultivateur. Les 2 professions alternent sur les actes au fil des années. Il fait partie de ces paysans-mineurs qu’on trouve à Saint-Laurs mais aussi dans de nombreux bassins miniers qui exercent les 2 métiers tout au long de leur vie. En 1879, Michel et Marie-Anne quittent le village de la Caumaillère et s’installent à la Mine. Michel y restera jusqu’à la fin de sa vie, il meurt à l’âge de 77 ans le 25 février 1891. Son épouse Marie-Anne lui survivra mais je ne connais pas la fin de sa vie.
En 1876, les enfants sont tous partis, plus aucun ne vit à Saint-Laurs. Louis s’y est pourtant marié mais il n’y est pas resté et je ne retrouve pas sa trace ni celle de son frère Jacques. Marie rejoint le nord du département pour s’installer à Thouars avec son époux. Quant à Perrine, elle s’unit avec Émile Melet, un employé parisien. Au moment de son mariage, elle demeure à Mourmelon dans la Marne. Perrine reviendra au village de Saint-Laurs, et avec son époux originaire du Jura. Ils choisissent d’être enterrés dans le cimetière de la commune. Leur tombe est la seule trace qui reste aujourd’hui de la famille, même si le nom de Goasanvot y est une fois de plus écorché… Perrine devait garder un bon souvenir de son enfance deux-sévrienne pour qu’avec son mari ils décident d’y revenir et d’y reposer pour l’éternité.

J’ai des ancêtres originaires de HUELGOATet LOCMARIA-BERRIEN, mais pas de mineurs, juste des cultivateurs, à ma connaissance du moins. On en apprend tous les jours. Félicitations et merci pour votre travail.
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Merci Catherine. Peut-être ont-ils été eux aussi cultivateurs-mineurs, selon les périodes de leur vie. Nous sommes allés il y a quelques années en vacances à Huelgoat, sans connaître à l’époque les liens avec Saint-Laurs, c’est un très joli village !
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Michel GOASANVOT et Marie Anne sont les beaux-parents de mon ancêtre Alphonse. Vous dites « Louis s’y est pourtant marié mais il n’y est pas resté et je ne retrouve pas sa trace » Pour votre information : Louis Joseph décède le 20.05.1897 à Faymoreau.
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Merci beaucoup, votre message me permet d’en découvrir un peu plus. Je vais aller voir son acte de décès à Faymoreau.
Oui, Marie Goasanvot avait bien épousé Alphonse Morel (originaire de Saint-Etienne) que je ne cite pas dans mon article. Vous êtes donc un descendant de Michel et Marie-Anne Le Gall. Je suis ravie qu’au travers de cet article nous ayons pu échanger sur cette famille qui a nécessité beaucoup de recherches. L’agent recenseur ne comprenait sans doute pas bien ces bretons et le nom de Goasanvot a été régulièrement écorché sur les registres de Saint-Laurs.
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Non, je suis un descendant de la deuxième femme d’Alphonse. Mais Alphonse et Marie GOASANVOT ont eu 4 enfants à Saint-Laurs. Encore merci pour toutes ses recherches.
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